L’ascension du Mont Blanc est un rêve pour beaucoup d’amateurs de montagne. Loin d’être accessible, il n’en reste pas moins réalisable avec toute la modestie qu’impose la Montagne. Grâce à Savoie Mont Blanc et Saint-Gervais Mont-Blanc, j’ai eu la chance de vivre le stage “Objectif Mont Blanc” proposé par la Compagnie des guides de Saint-Gervais. Suivez-moi, je vous emmène au sommet !
Le Mont Blanc
Une expérience singulière
Les montagnes n’appartiennent à personne, c’est bien connu, mais les expériences appartiennent à chacun. Beaucoup d’autres peuvent grimper sur les montagnes, mais personne ne pourra jamais s’emparer des expériences qui sont et demeurent nôtres.
-Walter Bonatti
Vivre la montagne, c’est vivre l’harmonie et l’équilibre du monde, perdu dans l’immensité blanche. C’est toiser le monde et courber l’échine face à l’âpreté des cieux. C’est perdre ses repères et souffrir de la beauté acérée des arêtes et de la vertigineuse harmonie des sommets. Là haut, chaque pas, chaque coup de piolet deviennent les scansions d’une eurythmie parfaite qui nous est unique.
Quête d’absolu
Le Mont Blanc, deux mots qui résonnent chez beaucoup d’amoureux de la montagne comme une quête d’absolu. Incapable de se satisfaire du même plancher que les vaches, l’homme a toujours eu les yeux en l’air ; aspirant à atteindre tous ces pics, ces arêtes, ces sommets. L‘alpinisme est alors devenu le repaire des rêveurs fous ; ceux qui, les premiers, ont formulé un ardent désir à les conquérir.
L’alpinisme est une ascèse pragmatique : grimper vers le ciel les pieds au sol…
Dans cette profession de foi, le Mont Blanc a toujours fait parler de lui. Voisin du Mont Maudit, il n’en a pas moins eu une connotation aussi sombre depuis l’Antiquité. Il fallut attendre les Lumières et leur soif de découverte pour que la vallée maudite de Chamonix devienne attraction scientifique et le Mont Blanc, le sommet à vaincre. En 1786, l’intouchable Mont Blanc n’est plus. Jacques Balmat, le chasseur de chamois et cristallier ainsi que le docteur chamoniard, Michel Paccard, atteignent son sommet inaugurant cette nouvelle discipline qu’est l’alpinisme.
Vivre le Mont Blanc
Dans cette course vers les cieux, la progression est singulière. On ne fait pas le Mont Blanc. On vit son Mont Blanc. La météo, le physique, le repos sont autant de paramètres aléatoires rendant l’expérience unique. Vous ne vivrez jamais deux fois la même ascension du Mont Blanc. Grimper à son sommet, c’est comme lire son livre préféré à différents stades de sa vie : les phrases sont identiques mais la lecture en est différente.
Chaque pas vers ce sommet mythique vous exalte. Le souffle est court, le rythme cardiaque élevé mais l’altitude n’en est pas la seule responsable. La fascination des cimes a transporté l’alpiniste dans un autre monde, celui de la haute montagne. Tous les mouvements s’accordent à l’environnement : ralentis par le froid, posés par la concentration ou encore alourdis par la fatigue… Pourtant, les hommes sont irradiés par cette beauté monochrome à 360°.
Le Mont Blanc a changé !
De l’expédition et surtout de l’engagement vital de Balmat et Paccard, il ne reste plus que les récits et une statue dans le centre de Chamonix. Aujourd’hui, le Mont Blanc est banalisé. Kilian Jornet en a fait une course de village ; lui qui en détient l’insolent record depuis le centre de Chamonix. 4h57 pour l’aller-retour, cela fait passer la course traditionnelle sur deux jours pour une marche du 3e âge…
Pourtant, c’est oublier que le Mont Blanc et ses 4808m se rapprochent plus des 5000 que des 4000. Loin d’être une bataille de chiffres, c’est surtout un paramètre à ne pas négliger. Non le Mont Blanc n’est pas “facile” et non le Mont Blanc n’est pas accessible à tous ; du moins sans une préparation adéquate et idéalement une expérience préalable en Haute Montagne. Auparavant, le Mont Blanc couronnait l’expérience alpine. Aujourd’hui, la majorité des prétendants alpinistes veulent commencer par le toit de l’Europe occidentale.
Le stage
Le stage “Objectif Mont Blanc” proposé par la Compagnie des Guides de Saint-Gervais vise justement à “remettre l’église au milieu du village”. En effet, bien plus qu’une simple préparation au Mont Blanc, ce stage permet de prendre la mesure de l’engagement en montagne. Dangereuse et magnifique, cette dernière est et restera aussi exigeante que cruelle. On ne peut pas lui en vouloir car c’est ce qui en fait sa richesse.
Le stage “Objectif Mont Blanc” permet de prendre la mesure de l’engagement en montagne et de mettre toutes les chances de son côté pour réussir l’ascension du Mont Blanc.
Ascension de la Bérengère (3435m)
Jusqu’à Tré-la-Tête
Après un petit rappel en escalade matinal, nous montons jusqu’au refuge de Tré-la-Tête. La montée n’est pas très exigeante. Peu technique et agréable, les 750m de dénivelé positif s’avalent à toute vitesse. D’ailleurs, je vous conseille de profiter de cette montée facile pour peaufiner les réglages de votre sac-à-dos et de vos chaussures (a fortiori si elles sont de location).
Malheureusement pour nous, la brume ne s’est pas levée et elle nous prive du panorama sur la vallée. Qu’importe, cela offre des paysages aussi mystérieux qu’inquiétants.
La brume caresse la cime des arbres après avoir fait disparaître les Géants de pierre…
Nous arrivons au refuge en milieu d’après-midi. Perdu dans les nuages, l’après-midi et la soirée s’annoncent extrêmement longues. Nous ne savons rien faire dehors. La brume alterne avec la pluie. D’ailleurs, dès que le repas du soir fut avalé, toute l’équipe décide d’aller dormir tôt afin que chacun soit prêt pour la longue journée qui nous attend le lendemain.
La Bérengère
Lever aux aurores
Le lever à 5h passe tout seul. Au petit déjeuner, la vue du ciel totalement dégagé me donne la patate. Cette journée sera tout simplement parfaite ! J’ai hâte de commencer l’ascension. L’aurore et les nuages accumulés dans la vallée nous offrent un spectacle absolument époustouflant ! Tenter de décrire un tel paysage est totalement vain. La force qui s’en dégage est trop forte pour être portée par des mots. Rien qu’à repenser à ce moment d’éternité, les frissons me parcourent l’échine…
Il y a quelque chose de philosophique et littéraire dans l’ascension : c’est un condensé de vie incroyable.
– Sylvain Tesson
Il m’est difficile de quitter cette aurore flamboyante. C’est vraiment la première fois du séjour que je prends conscience de la chance que j’ai de pouvoir faire ce sommet, et avant lui, une semaine entière en pleine montagne. Les lumières, les panoramas, les sommets sont des offrandes permanentes. La montagne ne laisse pas insensible. Elle vous porte et vous transforme inévitablement.
La Montagne est un sceau d’éternité, cadeau des sommets à l’humilité des alpinistes…
Rencontre matinale
Pourtant, aujourd’hui nous rentrons dans le vif du sujet avec l’ascension de la Bérengère (3435m). Elle se fera par le célèbre sentier de Chaborgne, un petit sentier à flanc de montagne étroit et aérien. Pour l’atteindre, nous évoluons à l’ombre des sommets. Alors que le soleil chauffe déjà la face occidentale, nous marchons dans ce demi-jour froid et sans vent mais dominé par un ciel d’azur.
À peine a-t-on franchi les premiers dénivelés que déjà un spectacle alpin se joue devant nous: une famille de bouquetins s’amuse sur la crête tout en suivant la drôle de caravane que nous sommes. Sautant, dévalant, grimpant, les jeunes cabris semblent tout fiers de nous montrer leur dextérité. À peine atteignons-nous la lisière de la Haute Montagne que le Massif du Mont Blanc dévoile déjà quelques uns de ses trésors.
Chaborgne, le sentier des guides
Alors que nous quittons les bouquetins joueurs, nous nous dirigeons vers celui de Chaborgne. Utilisé par les guides pour descendre plus rapidement de la Bérengère, il n’en reste pas moins impressionnant pour ceux qui n’ont jamais fait de montagne. De ce fait, les guides nous encordent.
Il n’est pas technique en soi mais est assez vertigineux et nécessite de poser les mains à plusieurs reprises. Personnellement, j’adore ces passages un peu aériens et glissants. Je me sens bien face à ce gaz qui m’entoure. Je suis le dernier de la dernière cordée autant vous dire que je profite un max et m’en met plein la vue ! C’est juste somptueux.
La mer de nuage ne s’est pas encore dissipée et, comme des îles perdues en pleine mer, des sommets émergent isolés et solitaires…
Vers la haute montagne
Le sentier nous amène en droite ligne au coeur de la haute montagne. Il est temps d’enfiler casque, baudrier, crampons et de griffer du piolet l’albâtre des cimes. Le craquement de la neige, la tension de la corde et cette pente de neige font renaître en moi des sensations que j’aimerais plus fréquentes. Malgré le paradoxe apparent de ce filin nous reliant, c’est bien la liberté absolue qui vous prend aux tripes. Il est impossible de ne pas se sentir vivant dans un tel environnement.
Chaque pas est lourd et cadencé mais libère l’esprit et le poids du quotidien. Là-haut, nous sommes les rois !
Le sommet est en vue depuis quelques temps désormais. La dernière étape vers ce dernier est beaucoup plus raide et technique. Un ressaut vertical d’1m80 est à franchir. Proche du vide, c’est impressionnant et les cordes ne facilitent pas le déplacement dans ce chaos de roches. Cette ultime difficulté passée, il suffit de “dérouler” jusqu’au sommet…Nous sommes à 3435m et les Dômes de Miage conduisent notre regard jusqu’à notre objectif de la semaine.
Fier mais pas grandiloquent, le Mont Blanc s’impose dans un calme reposant mais terrible et impressionnant…
Refuge des Conscrits
Ce soir, nous passons la nuit au refuge des Conscrits. On se désencorde au pied de la partie technique de la Bérengère et je demande la permission de courir jusqu’au refuge. Plus aucun danger n’est présent et c’est ainsi que je dévale dans la neige glissant, sautant, tombant. Cette autoroute de neige m’amène rapidement au refuge, magnifique dans son bardage de bois et ses petits airs himalayens…
Le soir venu, les nuages et le soleil s’inviteront pour nous offrir un spectacle à couper le souffle.
Le ciel s’embrase et l’opéra céleste peut commencer…
Ascension du Mont Blanc
Avant le départ
Après une journée de repos et un petit passage aux thermes de Saint-Gervais-les-Bains pour se remettre d’aplomb, nous retrouvons en soirée les guides afin de statuer sur la réalisation (ou non) de l’ascension. Cette réunion est capitale dans le stage. En effet, l’ascension de la Bérengère est un moyen pour eux de valider notre capacité à endurer l’ascension.
Plus encore, il s’agissait d’évaluer les derniers bulletins météo. Durant les jours précédents, les bulletins ne cessaient de changer leur prévision et vendredi matin, jour où nous devions réaliser l’ascension vers le sommet depuis le Refuge du Gouter. Ces bulletins allaient d’une météo favorable à une météo compromettant complètement l’ascension.
Cette incertitude peut vous surprendre et sera présente pour chaque stage d’ascension du Mont Blanc. L’ascension est liée intimement au niveau physique des participants et à la météo. Heureusement pour les deux cordées, la décision des guides est prise : nous faisons l’ascension du Mont Blanc.
Jusqu’à Tête-Rousse
En tramway jusqu’au Nid d’Aigle
Lever aux aurores pour prendre le tramway du Mont Blanc, nous attendons à la gare, grignotant un croissant, la boule au ventre. Le doute s’est installé durant la nuit. Suis-je capable ? Serons-nous capables ? Toutes ces questions sont ruminées. Le doute s’accroît d’autant plus quand les guides abordent la possibilité de faire l’ascension du Mont Blanc à la journée.
La météo s’annonce de moins en moins bonne pour le lendemain ! Avec cette proposition, cela signifierait un simple arrêt au Goûter pour continuer directement vers le sommet. Nous ne rentrerions au refuge que le soir avant de redescendre en vallée le lendemain. Quoiqu’il en soit, nous n’en sommes pas là. Il faut d’abord gagner ce fameux refuge du Goûter. Rien ne sert de tirer des plans sur la comète !
Le tramway nous amène jusqu’au Nid d’Aigle à 2372m avec le ressac caractéristique à ces vieux monstres d’acier. C’est là que démarre la grande majorité des cordées candidates au sommet du Mont Blanc par la voie normale. De là, il faut gravir presque 1500m de dénivelé positif pour atteindre le refuge du Goûter où nous devons passer une nuit. Sera-ce à l’aller ou au retour ?
Vers le refuge
La première partie de l’ascension du Mont Blanc est facile. Les nombreux chemins permettent d’avancer à son rythme et nous gagnons rapidement le refuge de Tête Rousse à 3167m. C’est le seul endroit sur la voie normale où l’on peut planter sa tente. C’est aussi là qu’un gendarme du PGHM vérifie que les cordées possède le matériel obligatoire à une sortie en haute montagne. Les cordées sont de 3 maximum pour l’ascension. Je suis avec Renaud, le guide, et Benjamin Verpoorten, journaliste à la RTBF et cycliste.
Couloir du Goûter
Le passage le plus dangereux
C’est avec un peu d’appréhension que nous nous mettons en route. La portion la plus dangereuse de l’ascension, le fameux couloir du Goûter n’est qu’à quelques centaines de mètres. Ce couloir est dangereux car il forme une autoroute pour les rochers qui se détachent avec la hausse des températures. Cela va du gravas au bloc de plusieurs centaines de tonnes. Ce passage n’est pas long. 50-60 mètres à tout casser mais il faut être extrêmement concentré tout le long pour éviter l’accident.
Je vous avoue qu’à son approche, j’ai une boule au ventre. Paradoxalement, ce stress est une mélange de peur et d’excitation. Le sentiment est étrange mais je n’ai pas le temps d’y penser car Renaud, notre guide, nous enjoint à être 100% concentré. Une cordée de français nous laisse passer. Et go ! On se lance. Le pas est rapide, on se concentre sur où placer ses pieds. Un pieds après l’autre. Le souffle se raccourcit. La vitesse augmente. Cela crie d’en haut. Je ne comprends pas. Des pierres déboulent au milieu de la cordée. Je reçois un shoot d’adrénaline. Le cœur s’emballe en même temps que nous nous mettons à trottiner en escaladant les rochers pour sortir au plus vite de ce couloir.
Remontée du couloir
C’est fait ! Nous sommes désormais en sécurité. Cette accélération me fait déjà sentir l’altitude. Le cardio et le rythme pulmonaire sont bien montés révélant déjà le manque d’oxygène. Maintenant, “il reste” à grimper entre les rochers pendant plusieurs centaines de mètres de dénivelés pour atteindre le refuge du Goûter. Cette section de grimpe où l’on se faufile, on s’accroche, on trace son chemin au milieu de ce chaos rocheux est tout simplement jubilatoire.
Puis la neige fait son apparition et dans cet habit blanchâtre surgit la surface argentée du refuge du Goûter… Station spatiale au milieu des montagnes…
Refuge du Goûter
Arrivé au refuge, je peine à me rendre compte que je suis à 3831m. Le matin même Facebook me rappelait que deux ans auparavant je faisais l’aiguille du midi et contemplais déjà ce géant blanc que je tente, aujourd’hui, de vaincre. Le hasard des dates est parfois magnifique.
Ce 6 juillet 2017, je suis dans un autre monde fait d’albâtre et d’éther…
Je mange le reste de sandwich dans la chaleur réconfortante du refuge, prenant à peine conscience de ce que j’avais déjà réalisé. Alors que je me force à boire pour endiguer ce début de mal de tête, les guides viennent près de nous. Ils nous demandent alors comment nous nous sentons et surtout si nous sommes prêts à faire l’ascension aujourd’hui. Personnellement, je n’attendais que cela. Je suis chaud, prêt et j’ai envie de faire ça aujourd’hui quand on sait que la météo prévue pour le lendemain est plus qu’incertaine.
Même si mon enthousiasme n’est pas partagé de manière aussi véhémente par mes compagnons de cordées, ils sont conscients que cela maximiserait nos chance d’être “summiters”. Concernant notre capacité physique, les guides nous disent être heureux d’avoir des candidats qui ont un peu de caisse pour enquiller le Mont Blanc à la journée. “Vous verrez ça sera génial. Ciel bleu et personne au sommet. Spectacle et larmes garantis !”. Sur ces mots, nous nous équipons à nouveau et nous voilà partis !
Jusqu’à Vallot
La première difficulté consiste à grimper au sommet du Dôme du Goûter. La côte blanche, aveuglante, nous cache totalement la vue sur le Mont Blanc. Nous progressons dans un décor absolument époustouflant, celui-là même qui, deux ans auparavant, m’avait fait tant rêver. Étrangement, ce sont mes jambes qui, les premières, ont ressenti l’effet de l’altitude. Brûlantes, elles tirent à chaque pas comme à la fin de ces trails où vous avez tout donné.
L’alpiniste est un homme qui conduit son corps là où, un jour, ses yeux ont regardé…
– Gaston Rébuffat
Les 4000 sont franchis depuis longtemps lorsque nous arrivons au sommet. De là, la vue est tout simplement époustouflante. Au loin, j’aperçois, minuscule, le refuge Vallot (4362), dernière structure humaine avant le sommet. Nous l’atteignons assez aisément. Verglacée et glissante, la montée vers le refuge nous fait regagner les quelques mètres perdus en descendant du Dôme. Puis là haut, c’est la dernière étape. Il “ne reste plus que” l’arête des bosses et enfin le sommet qui se profile gigantesque et presque apaisant.
Sommet
Sur l’arête des Bosses
Le refuge Vallot fut vraiment une étape charnière dans mon ascension. Mon mal de tête s’est amplifié et la fatigue s’est durablement installée. Je suis vidé. Malgré les effets de l’altitude et la difficulté de plus en plus grande d’avancer, je peux vous dire que l’arête des Bosses est peut-être l’endroit le plus beau qu’il m’ait été donné de voir. Cette arête vertigineuse est tout simplement magnifique.
Fil d’Ariane entre ciel et terre, l’arête des Bosses martèle votre âme du vide qui l’entoure… Hallucination blanchâtre d’un équilibriste ivre !
Les sommets de toutes Alpes courbent l’échine face à notre progression. Cela en devient grisant. Cela me permet également d’oublier mes mollets qui calcinent depuis le départ de Vallot. C’est infernal. La faute à ces marches de neiges inégales qui nous fait forcer sur la chaîne musculaire arrière de nos jambes.
Sommet en vue
Lorsque l’arête des Bosses est terminée, nous nous posons quelques instants pour boire. La fatigue m’est complètement tombée dessus. J’ai envie de m’allonger dans la neige, emmitouflé dans ma veste et rester là à dormir. C’est la première fois que je suis frappé par une fatigue aussi forte. Pourtant, il faut continuer. Nous y sommes presque. Les derniers mètres de dénivelé sont une tortures. Nous sommes à bout de souffle. Et puis, le sommet apparaît. Petit, presque ridicule vu d’ici mais tellement beau. Le ciel est dégagé et le monde s’offre à nous dans un spectacle total.
Les larmes me montent aux yeux. Je ne sais si c’est la douleur ou le bonheur. Sans doute un peu des deux. Ça y est ! Nous y sommes ! Sommet. Je n’ai pas de mot pour vous décrire la félicité que l’on ressent là haut. Nous sommes SEULS. La beauté est à 360°. Je pense alors à différentes choses et surtout à beaucoup de personnes. Les mots trébuchent comme mes pas, peu de temps avant. Hésitant et ébloui, je ne réalise absolument pas. Pour la première fois de ma vie, je ressens une ataraxie complète et totale. Bref, c’est tout simplement beau ! J’ai fait l’ascension du Mont Blanc.
Le sommet, épitomé de son être porté dans son sac, aussi inutile qu’essentiel…
Descente
Courir au refuge
Le temps est magnifique mais le vent s’est levé pendant que nous étions au sommet. Après 20 minutes, il est déjà temps de redescendre ! Ce n’est pas forcément la partie la plus sécurisante. Malgré la fatigue, il faut rester concentré un maximum surtout jusqu’au refuge Vallot. La descente n’est pas difficile mais, avec l’ascension du Mont Blanc à la journée et la fatigue cumulée de la semaine, chaque pas devient une torture. Il faut pourtant faire vite si nous voulons avoir un repas ce soir. Nous n’avons plus mangé depuis ce matin et les cuisines du refuges ferment à 20heures.
Notre cordée cavale dans la descente. Nous courons même après le Dôme du Gouter pour rentrer au plus vite et demander un repas pour les deux cordées. Le vent se lève. Le froid s’est installé et avec la fatigue cela devient vraiment difficile. Alors que nous courons, nous chutons et trébuchons dans la neige. Notre rapidité sera récompensée. Nous arrivons à 20h15 au Refuge du Goûter avec un bon repas et une bonne bière pour clôturer cette journée inoubliable ; mais surtout des images et des souvenirs plein la tête.
Descente finale
Après une bonne nuit, nous redescendrons prudemment jusqu’au Nid-d’Aigle où le sommeil réparateur me donnera des ailes pour trottiner librement dans la descente et terminer en beauté cette magnifique expérience. Arrivé à Saint-Gervais, nous apprendrons que Dimitri, l’organisateur qui avait décidé de tenter l’ascension le vendredi matin, a lui aussi atteint le sommet. La météo aura donc été favorable aux quatre prétendants que nous étions. Nos deux cordées sont donc revenues à Saint-Gervais en “Summiters”.
Que retenir ?
Vous dire que cette ascension du Mont Blanc restera gravée dans ma mémoire est inutile : c’est une expérience magnifique. Mais c’est aussi une expérience qui se mérite… Il ne faut pas oublier que la montagne reste la montagne. Je clôturerai donc ce compte rendu de mon ascension par ces quelques mots de Whymper, l’un des pionniers de l’Alpinisme :
Grimpez si vous le voulez, mais n’oubliez jamais que le courage et la force ne sont rien sans prudence, et qu’un seul moment de négligence peut détruire une vie entière de bonheur. N’agissez jamais à la hâte, prenez garde au moindre pas.Et dès le début, pensez que ce pourrait être la fin
– Edward Whymper
Vivre la même aventure ?
Ce rêve, cet objectif n’a été possible que grâce à la Compagnie des Guides de Saint-Gervais. Non, l’ascension du Mont Blanc ne se fait pas sans guide quand on n’a pas l’expérience nécessaire. Grâce aux guides de Saint-Gervais, vous serez accompagnés, conseillés et surtout encadrés afin que votre expérience sur le toi de l’Europe soit la meilleure possible.
Pour ceux que ça intéresse, je vous joins le Programme de la semaine du stage “Objectif Mont Blanc”.
Liste de Matériel
Je m’attarderai à la préparation physique et au matériel nécessaire pour faire l’ascension du Mont Blanc dans un article dédié. D’ici là, je me permets de simplement vous lister le matériel que j’avais pour faire l’ascension :
- Casque CAMP Storm
- Bonnet ODLO Polyknit
- Lunette JULBO Whoops
- Gant CRAFT Shield
- Veste HELLY HANSEN Vanir Slidr
- Doudoune KARPOS Antartika
- Polaire KARPOS Vertice
- 1ère couche ODLO Evolution Warm
- Pantalon FJÄLLRÄVEN Barents Pro
- Chaussettes LA CHAUSSETTE DE FRANCE Kailash
- Chaussure Salomon S-Lab X-Alp Carbon GTX
- Crampons GRIVEL G10
- Piolet SIMOND Ocelo
- Sac-à-dos OSPREY Talon 44
- Et surtout surtout une bonne assurance voyage
Vidéo
Cette aventure n’aurait pas été possible sans :
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Superbe article, bravo !!
Merci beaucoup Céline ! N’hésitez pas à le partager. À très vite en Savoie Mont Blanc 😉
Merci Julien pour ce beau récit !
Merci à toi et à toute l’équipe pour l’accueil ! Ce fut une expérience humaine et sportive inoubliable !!
Magnifique article et plaisir de te lire. Le tout accompagné de somptueuses photos…
Petite rectification : tu parles de chamois dans ton article mais à première vue tes photos montrent des bouquetins !
Bonne continuation et merci pour cette qualité de blog et de publications.
Merci à toi ! C’est vrai que c’était une sacré expérience 😉 Les photos sont toutes faciles à faire là haut !
Superbe récit avec des photos époustouflantes ! ça donne envie 😉
Merci Fabien ! C’était une expérience tout simplement extraordinaire. Je ne regrette pas d’avoir pris mon réflex en haut du Mont Blanc, les images sont juste terriblement facile à faire là haut !
[…] absolue. Cette petite journée de découverte n’est pas grand chose à côté d’une ascension du Mont Blanc, et pourtant le simple fait de chausser des crampons me faisait rêver. Quand ce genre de défis […]