Une première ascension, c’est un peu comme un baptême du feu. Rien n’efface une première surtout dans un espace-temps aussi beau qu’évanescent. Comment un instant aussi furtif peut-il rester graver au plus profond de notre âme? La simplicité du gigantisme ! Je n’oublierai jamais cet embrasement des cimes au lever du soleil comme je n’oublierai jamais le bruit des crampons sur la glace. La magie est toujours plus forte la première fois…
Quoiqu’on dise, la Belgique n’est pas une terre si problématique pour la pratique du Trail Running. Même si nous n’avons pas la même facilité, il y a toujours des subterfuges qui nous permettent de contourner le problème. Pour l’alpinisme, par contre, nous n’avons pas d’alternative. Nada, rien, que dalle ! On doit donc se prendre 900 bornes dans les dents pour pratiquer. Autant vous dire tout de suite, il faut être très attentifs car l’alpiniste belge est une espèce rare.
Vous l’avez déjà vu ou lu sur ce blog, la montagne revêt une grande importance pour moi. Elle m’attire irrémédiablement, la même attirance que pour le Trail running d’ailleurs. Peut-être est-ce la symbolique de l’ascension similaire à celui de la compétition en Trail, ou bien, tout simplement la beauté ? Je pense que c’est clairement cette dernière option qui en est le moteur. Loin de moi l’idée de vouloir gravir un sommet juste pour dire de l’avoir fait, la magnificence des paysages, la magie de l’ascension nocturne, l’ambiance inégalable de la montagne sont les éléments qui m’attirent irrémédiablement à vouloir tout connaître de la montagne.
La Roche Faurio
Le choix de la Roche Faurio s’est imposé tout seul. Nous étions en vacances dans les Écrins et ce sommet était conseiller pour une première approche du monde de la montagne. Il n’est pas trop haut même si, pour ma copine asthmatique, les derniers hectomètre d’ascensions n’ont pas été si évident que cela ! Mais plus que tout le reste, la situation de ce sommet nous a conforté dans notre choix. En effet, la Roche Faurio fait face à la Barre des Écrins, le sommet du massif qui culmine à 4102m. Autant vous dire, nous en avons pris plein les yeux lors du lever de soleil !
Comme nous débutions l’un comme l’autre, nous avons engagé un guide afin de faire l’ascension mais aussi et surtout une école des glaces. L’ascension s’est donc faite sur deux jours. Le premier était consacré à la marche d’approche vers le Glacier Blanc et à l’école des glaces sur celui-ci avant de rejoindre le Refuge des Écrins à 3100m.
L’approche
Pour atteindre le Glacier blanc, l’ascension est magnifique. Je vous renvoie à l’article que j’ai écris spécifiquement pour la randonnée démarrant du Pré-de-Madame-Carle jusqu’au Refuge du Glacier Blanc.
Une fois arrivé au refuge, on troque rapidement nos shorts et nos baskets pour les bottines et le pantalon d’alpinisme.
Du refuge, il n’y a qu’un dernier coup de cul bien pentu pour atteindre la langue finale du Glacier blanc.
Ecole des Glaces
Après cramponnage et base de l’évolution encordé, nous évoluons sur les pentes abruptes de la langues finales afin d’apprendre les différentes techniques d’évolution sur glacier : évolution dans le dénivelé, cramponner en pointe avant, utilisation du piolet pour se sécuriser lors des chutes… Bref, on fait mumuse durant quelques heures afin d’instaurer les rudiments de la sécurité en montagne. Après quoi, nous rejoindrons le Refuge en traversant le Glacier.
Ascension
Réveil à 3h du matin au Refuge après une très très courte nuit car j’avais décidé de regarder le coucher de soleil sur la Barre. Quel ambiance ! J’ai toujours aimé ces ambiances matinales où l’on baigne entre les limbes d’un sommeil trop court et l’excitation de ce qui nous attend…
J’aimerais pouvoir vous décrire chaque minute, chaque pas, chaque respiration précédant l’infime instant où le lever du soleil se fait attendre. Ce spectacle est tellement grandiose que les mots sont bien insuffisants pour décrire les sentiments mêlés d’émotion, d’extase et de plénitude. Je laissent donc les photos parler d’elles-mêmes :
Cette première approche de la Montagne a vraiment été révélateur à mes yeux. C’est un milieu dans lequel je me sens bien. C’est étrange comme certains milieux, pourtant inhospitaliers, exercent sur vous une attirance irrépressible. Comme en trail, malgré la difficulté, malgré les doutes durant les courses, nous sommes tellement subjugués une fois la ligne d’arrivée franchie ou le sommet atteint que tout est oublié.
La Roche Faurio offre un paysage à couper le souffle. C’est sans doute l’effet “première fois”, j’en conviens. Ce sommet est également facile. Pour une première approche de la Haute Montagne, je pense qu’on ne pouvait pas rêver mieux. Maintenant, cela reste la montagne, il ne faut pas s’y lancer sans entraînement. Ma compagne a ainsi éprouvé beaucoup de difficultés sur la fin de l’ascension à cause de l’altitude (et son asthme).
Pour vous permettre de mesurer la difficulté, nous avons démarré du refuge à 4h pour atteindre le sommet vers 7h30. Nous étions de retour au refuge du Glacier blanc vers 10h et nous avons encore du marcher 2h pour rejoindre le Pré-de-Madame-Carle où se trouve le parking. Nous avons du descendre jusqu’à Ailefroide à pied car la navette coutait 9€/pers !!!! Le camping se trouvait à 3,5km, ça faisait cher le kilomètre !! On a donc décidé de rejoindre le camping à pied rajoutant. On aura donc parcouru près de 20km, 700D+ et 2000D- ce jour-là :D.
Conclusion
J’espère pouvoir encore gravir de nombreux sommets dans ma vie car ce minuscule avant goût m’a vraiment transformé. Je décompte déjà les jours pour mon prochain sommet. Rien de prévu mais si vous avez des idées, je suis tout ouïe ^^. Je vous abandonne avec ces magnifiques images qui n’aurait pas été possible sans la compagne de notre super guide Ben.
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Origine, Origine
Benjamin Brochard : diplômé d’état en escalade, canyon et via ferrata et récemment Guide de Haute Montagne. Après avoir obtenu le Brevet d’état d’Educateur Sportif Escalade en Novembre 2004, je crée “Ac’roche et eau” ,en 2005. J’ai quitté ma Savoie natale pour le Parc du Mercantour. En 2007, je décide de remonter sur la chaîne Alpine pour m’établir dans les Hautes-Alpes et créer Origine. En septembre 2015 j’obtiens le Diplôme de Guide de Haute Montagne….Je peux ainsi vous proposer des séjours dans toutes les Alpes mais aussi à l’étranger.
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Ca donne envie! J’ai grand en Normandie alors autant dire que pour les plaines je suis servie. La montagne m’attire aussi, j’en rêve. A défaut de pouvoir y aller j’ai choisi le Canada (j’aurais au moins la neige)…. Mais gravir un sommet est sur ma to do list!
Merci de partager ça avec nous, c’est toujours un plaisir de te lire!