La dernière nuit en plein forêt que nous passions en Laponie finlandaise offrait les conditions idéales pour observer les lumières du Nord. Je ne peux pas résister à vous partager quelques ambiances de ce bivouac sous les aurores boréales en Laponie finlandaise.
La magie du bivouac
Le bivouac est un art, un art du repli. On tourne le dos à la société, on s’enfonce dans les bois et on claque la porte aux sirènes du quotidien. Sous la voie lactée, le repas lyophilisé devient le plus grand gueuleton de notre vie. Autour du feu, nos aventures se parent de l’aura doré du foyer. Elles s’élèvent alors dans le tourbillon d’escarbilles pour donner naissance à l’épopée de notre vie.
En bivouac, autour du feu, se fonde l’essence du vagabondage. Nez au vent, contemplant les étoiles et profiter de ce “rien” devient la plus belle critique de l’ordre établi.
Dans l’ultime simplicité du bivouac se trouve sa plus grande force. Rien n’y personne ne peut vous l’arracher. S’il y a bien une chose que l’homme fuit depuis la nuit des temps, c’est dormir dehors. Nous, vagabonds, courons à sa rencontre et embrassons cette vie en extérieure. Certains d’entre-nous y verront même le bivouac comme l’ultime ascèse. Je ne considère pourtant pas que dormir dehors soit issu du registre de la folie. J’y verrais plus celui d’une quête de contemplation.
Pour une lecture encore plus immersive de cet article, je vous conseille d’écouter ceci :
Un dernier bivouac en Laponie finlandaise
Le feu crépitait au bord du lac. C’était un petit lac perdu au coeur de la forêt boréale comme il y en a des millions en Finlande. Là, au coeur de cette taïga, il n’y souffle aucune fierté, aucun cors n’y résonne, aucun hérauts n’y chantent de grandioses sagas. Il n’y a rien que forêts et marais. Rien n’y personne ne fait écho à ce qui s’y trame.
La Laponie finlandaise est l’une des dernières zones sauvages d’Europe. On peut y disparaître à jamais sans faire la moindre vague.
Cela faisait deux semaines que notre trio errait au Nord du cercle arctique. Chacun savait ce qu’il y avait à faire en montant le camps. Dans un silence presque religieux, nous avons monté les tentes, allumé le feu de camps. Finalement, nous nous sommes installés dans la chaleur du foyer. Au coeur de la forêt, nous étions désormais “chez nous”. Il nous suffisait d’attendre que le vent solaire s’abatte sur la terre…
Un bivouac sous les aurores boréales
La danse de la lumière
L’odeur du bouleau qui brûle est sans doute ma madeleine de Proust ultime. Elle me rappelle les longues soirées en bivouac où l’on se raconte des heures durant des histoires, des tranches de vies ou des expériences vécues. Finalement bivouaquer, c’est participer à la construction de son univers. Dans le mien, les esprits prennent vie, les légendes s’habillent d’Histoire et la frontière des mondes s’amenuisent. Le feu devient l’écran de notre imagination… Notre bivouac sous les aurores boréales en sera la matérialisation.
Suivant les étincelles s’élevant vers les cieux, j’aperçois la voute céleste verdir. Dans un mouvement imperceptible d’abord puis s’affirmant à chaque seconde, une délicate dentelle se fraie un chemin à travers la forêt. Le ballet céleste vient de commencer. Un frisson me parcourt l’échine, comme à chaque fois que je contemple des aurores boréales. Terre et cosmos s’entremêle, les lumières du Nord s’en déchirent le ciel.
Le ciel s’habille de lumière dans la nuit noire. Odin a lancé la cavalerie des Valkyries… Qui rejoindra le Valhalla ce soir ? L’aurore et le crépuscule se livre combat.
Le bivouac sous les lumières du Nord
Le spectacle a duré presqu’une heure. Une heure de frissons et de contemplation béate. Une heure pendant laquelle une autre temporalité s’est installée au dessus de nos têtes. Si l’on pouvait transposer les oscillations lumineuses des aurores boréales en partition, je suis persuadé que l’on toucherait à la quintessence de l’harmonie. J’imagine quelque chose de léger, subtile et puissant à la fois !
Il est vertigineux d’imaginer qu’entre ces aurores boréales et vous, il y a l’alchimie d’un vent solaire et de l’atmosphère terrestre. Ce n’est que “ça” et c’est “tout ça” à la fois !
Il est temps de gagner les tentes. L’intensité a fortement diminuée. En effet, elles sont désormais difficilement visible à l’oeil nu mais l’appareil photo peut encore me faire profiter du spectacle. Du coup, je prends le temps d’immortaliser ce bivouac sous les aurores boréales. Les couleurs sont dingues entre le feu qui fait rougir la forêt et la danse des aurores d’un vert surnaturel.
Bivouac en Finlande
En Finlande, comme partout en Scandinavie, le droit d’accès à la nature (jokamiehenoikeus) s’applique. Vous commencez à me connaître. Cette liberté offerte pour découvrir la nature est quelque chose qui me fascine depuis que je voyage dans ces pays. Alors que la France et la Belgique continue à aller vers le cloisonnement et la prise d’otage de la nature au profit de certains lobbys (agro-alimentaires et chasse), ces pays du Nord (avec l’Ecosse) offrent à tous la plus belle de ses richesses : la nature.
De plus en Finlande, les nombreux parcs nationaux et zones sauvages disposent d’incroyables infrastructures (shelters, cabanes, zones de barbecues,…) afin que chacun puisse, selon son niveau, profiter des plaisirs simples qu’offrent la pleine nature. Je vous en avais d’ailleurs parlé dans plusieurs articles. Dans une nature somptueuse mais qui peut être hostile, ces infrastructures sont vraiment essentielles pour garantir leur accès tout au long de l’année.
Le bivouac en Laponie finlandaise n’est pas qu’un prétexte pour sortir en pleine nature, c’est un style de vie…
Hello, ton récit me donne vraiment envie de pratiquer le bivouac. Je viens de découvrir ton blog et j’y trouve pleines de sensations! Merci pour ces partages!
Avec plaisir 😉 Merci à toi pour ton commentaire 😉
Salut Julien,
Wahooo super tes randos et la Laponie c’est tout juste magnifique !
Ça doit vraiment être terrible de partir ainsi à l’aventure et de faire de bivouac…
J’me réjouis de venir faire du Packraft en septembre.
Alice
Merci beaucoup Alice Au plaisir de te voir en septembre