Au coeur de l’automne, dans une vallée d’Ardenne, notre petite compagnie brave le confinement pour toucher aux reliques de la liberté. Leur moyen d’évasion ? Un sac-à-dos et un packraft. Nous venons de partir pour deux jours de rando, bivouac et packraft sur la Semois. Vous venez ? Je vous raconte !
Couleurs d’automne
J’ai toujours eu une adoration pour l’automne. Les jours raccourcissent. L’aurore et le crépuscule dispose alors plus de temps pour dévoiler leur panel de couleurs. L’atmosphère suave de l’été se teinte de froideur. Les sous-bois embaume d’odeurs de noisettes, du musc des bêtes sauvages et de feuilles fanées. Puis, chaque arbre, chaque arbrisseau se pare de son plus beau manteau. La forêt entière se transforme en un délicat palais aux dorures multiples. Nos sens tentent de capter les infimes nuances du plus beau spectacle de l’année. Pourtant, le randonneur et l’écrivain se rendent vite compte que les mots ne sont pas assez riches pour tout décrire avec précision. Il faut vivre l’automne pour le ressentir.
La Semois est un joyau préservé dans le trésor éphémère de l’automne ardennais.
Au coeur de l’Ardenne s’écoule la Semois, elle est (avec l’Ourthe) la rivière la plus sauvage et la plus envoûtante d’Ardenne. Sa force est de conserver cette qualité sur les nombreux kilomètres de son parcours, là où l’Ourthe abandonne sa sauvagerie après Hotton. Dès lors, je partage entièrement l’avis d’Alphonse de Prémorel qui la qualifiait de “Reine de l’Ardenne”. Sa timidité l’amène à creuser une vallée qui est devenue l’écrin de son charme immuable. Il ne reste alors plus qu’aux vagabonds et coureur des bois d’accourir sur les sentiers pour profiter d’une atmosphère unique en Ardenne. C’est précisément ce que nous avons fait en novembre 2020. Laissez-moi vous conter cette microaventure en Ardenne.
Pour une lecture encore plus immersive de cet article, je te conseille d’écouter ceci :
Randonnée : remonter le cours de la Semois
Après une année 2020 caniculaire, les premiers jours de gelées sont enfin à nos portes. Nous sommes début novembre et l’automne flamboie depuis quelques jours dans toute l’Ardenne. La Semois, quant-à-elle, est enfin abandonnée par les hordes de touristes en kayak. Bref, c’est le temps parfait pour une descente en packraft de la Semois. Aujourd’hui, nous démarrons de Alle-sur-Semois pour remonter la rivière jusqu’au tombeau du Géant. Nous quittons rapidement le village pour rentrer en forêt et ne plus en sortir.
La forêt bigarrée d’infimes nuances dorées nous aspire dans son immensité. Les bouleaux, les mélèzes et les hêtres ont transformés les bois en un trésor infini.
Une fois au dessus de Alle-sur-Semois, nous coupons à travers bois les nombreux méandres de la Semois pour rejoindre Corbion-sur Semois avant de rejoindre le Tombeau du Géant pour passer la nuit. Durant cette journée, tout n’est qu’éblouissement. Qu’est ce que j’aimerais que l’automne abandonne sa cape éphémère pour durer indéfiniment. Mais cette forêt d’or se mérite. En effet, le dénivelé de journée est fidèle à la région : une succession de murs et de descentes abruptes qui se sentiront dans les jambes en fin de journée.
Bivouac le long de la Semois
Après une petite vingtaine de kilomètres, la fatigue du dénivelé se fait largement sentir, surtout pour les moins entrainés d’entre nous. Il faut savoir qu’il n’y a aucune aire de bivouac le long de la Semois. Nous sommes en plein reconfinement. Le couvre-feu est à 22heures. Du coup, quitte à être hors-la-loi dans les bois, on s’est dit qu’un petit bivouac sauvage ne ferait de mal à personne. Alors tu vas me dire que c’est un peu bête de faire la promo du bivouac sauvage et tu as totalement raison. En fait depuis lors, nous avons trouvé une aire de bivouac à proximité de la Semois. Tu auras d’ailleurs toutes les infos à la fin de cet article.
En cette période de folie covidienne, j’avoue que j’étais un tout petit peu parano de tomber sur une autorité quelconque. Nous avons d’ailleurs attendus que la nuit tombe complètement avant de monter nos tentes. Je dois bien vous avouer que ce ne fut pas le bivouac le plus serein de ma vie. Cependant, être là au bord de la Semois avec la sensation d’être seuls au monde n’a pas de prix. Pourtant à cette époque, c’était considéré comme un délit. La Nature devient une évidence, elle est le seul antidote à la folie humaine. Cette époque a remis les maquis à l’honneur. Tout bivouaqueur devient un maquisard des temps modernes…
À la chaleur du feu de camps, la simplicité s’impose face à la frénésie de l’homme. Tout devient sérénité !
Packraft sur la Semois
Jusqu’à Frahan
Le lendemain matin, le lever à la fraîche piquait un peu plus que d’habitude. Enfin ! Enfin, le froid mordant de l’hiver revenait nous pincer. J’aime cette sensation de froid qui vous réveille instantanément. C’est également toujours salvateur lorsque l’on souhaite rapidement se mettre en route : pas le temps de lambiner, on se gèle les miches, mon gars ! Comme nous bivouaquions sur un méandre. Nous avions décidé la veille de passer de l’autre côté afin d’allonger un peu la descente en packraft sur la Semois. Cela serait tellement dommage de ne pas profiter de la belle journée qui s’annonce.
La lumière est magique. Elle rehausse chaque feuille d’un or indiscible. Trésor de l’automne.
Arrivé au nouveau pont de Cordemois, nous nous mettons à l’eau et entamons notre descente de près de 22km. L’atmosphère est dingue. Les arbres sont déjà entrés dans l’hiver. Nous passons au pied du Tombeau du Géant et l’on sent déjà le soleil nous réchauffer de la nuit glacial que nous avons passé. La Semois nous transporte quasi sans effort. C’est suffisant pour nous donner l’excuse d’arrêter de pagayer et de s’ébahir de ce qui nous entoure. Et quel bonheur, les conditions sont justes parfaites. Je ne peux m’empêcher d’être ébloui par ces ambiances automnales.
Jusqu’à Alle-sur-Semois
La navigation jusqu’à Frahan est parfaite : de grandes lignes droites oscillent avec quelques petits rapides ludiques. Avant de quitter cette partie isolée de la rivière, on s’arrête au pied du mur à Frahan pour casser la graine. Ce village, parmi les plus isolés d’Ardenne, est un joyau d’ambiances champêtres et surannées. Les vieilles batisses traditionnelles côtoient les derniers séchoirs à tabac. Dans ce village, le temps s’arrête. On se retrouve projeter 100 ans en arrière avec une odeur de feuilles et de foin séchés flottant d’ans l’air.
Le caractère sauvage de la Semois exalte notre aventure. Nous sommes les pionniers d’une vallée oubliée, nous sommes ses découvreurs. Oubliez les rabats-joies, l’aventure débute en rêve !
Il ne reste pourtant que quelques kilomètres. Il faut savoir qu’en hiver, le débit est naturellement plus important. Dès lors, cela permet de faire de plus longues distances en packraft sur la Semois. Du coup, certes la partie qui nous attend entre Frahan et Alle-sur-Semois n’est peut-être pas la plus belle. Néanmoins, la journée fut si parfaite qu’on passe vite sous silence les quelques campings que nous pouvons croiser. En plus, la journée commence à décliner et le crépuscule révèle encore davantage les clairs-obscurs que la Semois préservent secrètement. En bref, un final parfait pour notre microaventure en packraft sur la Semois.
Parcours : Deux jours de randonnée, bivouac et packraft sur la Semois
Covid = tourisme de masse = pression sur le milieu
Depuis un an, vous avez envie de découvrir notre belle Ardenne dont je vous vante les beautés depuis bientôt 9 ans. Seulement voilà, avant le covid, nous n’étions que quelques irréductibles à en profiter. Aujourd’hui, nous sommes des milliers. Je suis bien évidemment heureux de voir que vous êtes de plus en plus de passionnés à vivre des microaventures en Ardenne ; et ce grâce, peut-être, à ce blog.
Cependant, la pression sur les biotopes et sur certains sentiers se fait ressentir. En tant que blogueur, je me dois de jouer un rôle en vous sensibilisant au respect de la nature. C’est la raison pour laquelle, je ne souhaite pas laisser disponible mon parcours au tout venant. D’autant plus que cette microaventure ne dispose d’aucune aire de bivouac autorisée sur son parcours.
Embarque avec Cairn Outdoor
Dans cette perspective, avec mon agence, Cairn Outdoor, nous avons créé une formule avec bivouac sur un terrain privé. Cela vous permet de vivre cette microaventure tout en étant encadré et en pouvons dormir légalement dans un bois à proximité de la rivière. Cela permet aussi d’encadrer les flux de personnes de plus en plus nombreuses à vouloir partir à l’aventure dans notre belle Ardenne.
Certains vont sans doute me critiquer en disant que je veux vendre mes activités. Je vous dirai que c’est le cas ! En même temps, ce blog est un des rares à ne proposer aucune pub, aucun pop-up, très peu de liens sponsorisés. De plus, en choisissant Cairn Outdoor, vous choisissez le respect de la nature et une expérience unique à vivre en très petit groupe (max 6 personnes).
Le bivouac est interdit au bord de la semois.
Ne donnez pas de mauvaises idées svp
Je vois que vous n’avez pas lu mon article ! Relisez-le et vous verrez que j’y mets toutes les précautions oratoires ^^ Et même des solutions pour passer la nuit à proximité.