Lorgnant cette Scandinavie insulaire depuis des années, l’Iceland Trail 2022 m’a donné l’occasion de fouler cette terre volcanique surréelle. Cette aventure d’une semaine organisé par Travelbase m’a permis de gouter à toute la puissance de l’Islande : froid, tempête, cendres, horizons infinis, souffrance et magnificence. Car oui, cette semaine sur le sentier du Laugavegur est une expérience aussi intransigeante qu’inoubliable. Vous venez avec moi ? Je vous raconte mon aventure !
- L’Iceland Trail, c’est quoi ?
- Mon expérience sur l’Iceland Trail
- Islande, enfin nous nous rencontrons
- Jour 1 & 2 : Arrivée à Landmannalaugar, première approche (9km)
- Jour 3 : Land of ice and fire
- Jour 4 : Dans la tourmente, arrêt forcé à Hvangill
- Jour 5 : Traversée lunaire jusqu’à Emstrur
- Jour 6 : Les canyons et l’arrivée à Þórsmörk
- Jour 7 : L’éruption du volcan Meradalir
- Mes conseils pour vivre un Iceland Trail parfait
L’Iceland Trail, c’est quoi ?
Le concept
L’Iceland Trail est une aventure proposée par Travelbase, une agence de voyage spécialisée l’aventure. Le concept est simple : vous permettre de réaliser le Trek du Laugavegur sans crainte. Pour ce faire, vous serez accompagnés de A à Z dans cette aventure. En amont, vous pourrez bénéficier du transport depuis l’aéroport, la première nuit à Reykjavik et bien évidemment le transport jusqu’au départ du trek à Landmannalaugar. De plus, ils peuvent vous fournir (en option) le matériel de bivouac, les lyophilisés ainsi que des bâtons de marche.
Pendant le trek, vous serez équipés d’une balise GPS, vous disposerez du GPX du trek et vous serez encadrés par une équipe de guides. Ces derniers partent en décalé afin que vous puissiez vivre votre trek à votre rythme. Vous ne serez donc jamais pressés et vous pourrez ainsi profiter des paysages islandais tout en vous sentant encadrés. Personnellement, étant moi-même guide, j’ai trouvé l’idée extrêmement bonne car c’est un excellent compromis entre aventure en liberté et voyage encadré ; le meilleur des deux mondes.
Enfin, comme le bivouac sauvage est interdit en Islande, nous plantons nos tentes à proximité des refuges jalonnant le Laugavegur. Dès lors, nous pouvons ainsi profiter des sanitaires, d’un shop et dans certains d’entre-eux d’un petit bar. Là aussi, au moment d’établir le camps, les guides seront présents pour vous aider si nécessaire.
En bref, l’Iceland Trail t’offre toutes les clés pour réaliser ton aventure, même si tu n’as aucune expérience d’aventure. Il fallait y penser, ils l’ont fait !
Le Laugavegur
L’Iceland Trail t’emmène sur le Laugavegur, un trek de 54km situé dans le Sud de l’Islande et sans aucun doute le plus célèbre de l’île. Sa force est de proposer une extrêmement grande variétés de paysages typiques de l’île volcanique. De fait, démarrant à Landmannalaugar, sur les hautes terres, et finissant à Þórsmörk près des côtes, il permet de traverser une zone géothermique, des montagnes rhyolitiques, des déserts de cendre, d’aborder le célèbre canyon Markarfljótsgljúfur et de finir dans une vallée entourée de glaciers. En 5 jours, vous avez ainsi la possibilité de vous immerger dans toute la richesse géologique de l’île.
Pour ma part, un autre intérêt à ce trek est sa relative facilité. En effet, hormis si vous devez doubler des étapes ou que vous faites face à une météo capricieuse, le Laugavegur ne possède pas de difficultés majeures pour des personnes randonnant régulièrement. Pour les sportifs et les ultras trekkeurs, il vous octroiera même le temps de faire des randonnées supplémentaires certains soirs. Personnellement, je vous le conseille fortement car cela permet de mettre le trek en perspective. C’est ainsi que, lors de ma participation à l’Iceland Trail, nous avons eu l’opportunité de faire 3 randonnées en plus des 54km originellement prévus.
En pratique
En bref
Le prix de l’Iceland Trail commence à partir de €575 par personne en Early Bird et inclut:
- 5 nuits en tente près des refuges sur le Laugavegur
- Tous les transports internes par bus
- Les guides Travelbase
- Système de suivi GPS pour les urgences
- Parcours GPX
Principales options :
- Vol A/R Keflavik : 510€ p.p.
- Iceland Trail Survival Food Pack (et set de cuisine) : 107€ p.p.
- Matériel de camping (sac de couchage, matelas, tente) : 79€ p.p.
- Transport de bagages : 140€ p.p.
Mon expérience sur l’Iceland Trail
Islande, enfin nous nous rencontrons
Poser mes pieds en Islande a une saveur particulière. Je parcours les terres scandinaves depuis tant d’années. J’y trouve le ravissement dans sa nature infinie et la fascination dans sa météo intraitable. Pourtant, cette terre perdue entre Europe et Amérique n’avait jamais réussi à attirer mes faveurs. Trop connue, trop parcourue, trop photographiée, cette île ne pouvait paradoxalement pas posséder le charme d’une nature délaissée. C’était sans compter sur la puissance intrinsèque de ses paysages, s’effaçant à la vue des hommes pour révéler sa toute puissance.
À peine, ai-je atterri que j’aperçois, au loin, un volute de fumée rougeoyant habillant l’horizon d’une lueur démoniaque. La chance fait coïncider mon arrivée en Islande avec l’éruption du Fagradalsfjall Meradalir. Il n’y a pas de doute possible. Cette terre de feu me réserve encore de nombreuses surprises, j’en suis convaincu. Pour ce faire, quoi de mieux d’aborder l’île par son plus célèbre sentier : le Laugavegur. Traversant le Sud-Est de l’île, j’ai hâte de le fouler et de partir à la rencontre de cette terre de feu et de glace. Pour vivre cette aventure, je suis accompagné de mon ami Sylvain Crasset qui me permettra de vous la partager en vidéo (à venir).
Fouler cette terre d’Islande touche au sacré. Terre de feu et de glace, il ne faut que quelques heures pour se convaincre du caractère sacré de l’île. Comme Hrafna-Flóki Vilgerðarsson, on en vient à penser avoir trouvé Ásgard, la terre des dieux.
Jour 1 & 2 : Arrivée à Landmannalaugar, première approche (9km)
Une fois arrivés à Reykjavik, nous sommes conduits au camping où l’organisation de l’Iceland Trail prodiguera toutes les infos de la semaine et fournira le matériel éventuel. Après une première nuit sous tente, c’est un camion 4×4 qui nous conduira jusqu’à Landmannalaugar, point de départ du trek du Laugavegur. Après plusieurs heures de route et de pistes, nous arrivons au campement sous une pluie intense. Avec Sylvain, nous montons aussi vite que possible la tente. Malgré cela, nous sommes déjà trempés. Cela promet pour les jours à venir. Face au déluge, les guides s’empressent de nous prévenir de la potentielle annulation de la randonnée en boucle prévue aujourd’hui. En effet, le vent en altitude souffle dangereusement. Certains passages pourraient être potentiellement dangereux.
Finalement, au lieu de grimper au sommet de Suðurnámur, le Brennisteinsalda sera notre alternative. Nous faisons nos premiers pas sur les sentiers islandais sous une fine bruine. Après la traversée d’un champs de lave presque “mordorien” et d’une large vallée alluviale, nous nous élevons en même temps que les nuages se déchirent. Ces derniers s’accrochent encore aux sommets et nous offrent, par la même occasion, tous les contrastes que cette terre peut offrir : le noir des cendres, l’orange de la rhyolite, le verre des mousses et le blanc de la neige. Cette mise-en-bouche ne me donne qu’une seule envie : être demain et, enfin, commencer le Laugavegur !
Pour ceux qui craignent de tourner en rond, il y a la solution de s’engouffrer droit devant soi, de se lancer à l’aventure, et de trouver la paix, en battant les chemins.
– Sylvain Tesson
Jour 3 : Land of ice and fire
Par delà les montagnes jusqu’à Hrafntinnusker
Ce matin-là, il faisait beau et la tente était presque sèche. Pourtant sur les Hauts Plateaux, vent et neige s’abattaient férocement. Il nous sera impossible de passer la nuit à Hrafntinnusker comme prévu. Il faut doubler l’étape. 24km et 1000m de dénivelé nous attendent. Sylvain et moi sommes habitués à ces kilométrages mais, avec le poids de nos sacs, c’est déjà moins une promenade de santé. En effet, nous avons décidés de porter nos sacs et de ne pas bénéficier du portage. Pour cette raison et pour avoir le temps de prendre des images, nous partons 1h avant tout le monde. Nous avons le Laugavegur, pour nous seuls. Je peux poser mon regard sur l’horizon dans le silence d’une nature irréelle. Je respire. Enfin, l’Iceland Trail peut commencer.
Nous traversons, comme la veille, le champs de lave de Laugahraun. Ce chaos de roche volcanique nous conduit au pied d’une crête orangée oscillant entre les sources chaudes. Long faux-plat, cela nous permet d’apprécier le spectacle des nuages filtrant les rayons de soleils sur ces terres en clairs-obscurs. Une fois sur le plateau, nous traversons un désert d’obsidienne et de rhyolite aux multiples nuances avant d’atteindre la célèbre a zone géothermique de Storihver. Borborygmes, tourbillons et vapeurs souffrées balisent ainsi notre parcours jusqu’à l’interminable montée menant à Hrafntinnusker, notre première étape supposée. Entre l’obscurité du ciel et du sable d’obsidienne, seul la neige vient apporter un peu de luminosité dans cette enfer climatique balayé par les vents et le grésil.
Dans cette immensité, l’odeur du souffre, la violence des vents et la roche acérée s’impose au vagabond. L’Islande ne vous touche pas. Elle vous façonne.
Atteindre Ásgard et descendre vers Álftavatn
Au refuge de Hrafntinnusker, le vent est si glacial qu’on s’abrite tant bien que mal. On avale notre lyophilisé le plus vitepossible pour éviter de prendre froid. Nous avons déjà pratiquement 800m de D+ au compteur lorsque nous nous remettons en route. Sylvain commence à fatiguer. À ce propos, voulant profiter chacun de l’instant, on décide de s’enfermer dans une bulle musicale. Quel bonheur ! Devant nous s’étend un plateau de sable et de glace. Quelques ponts de neige enjambent des torrents issus des montagnes environnantes. D’abord noir et blanc, le sol se pare de rouge, de bleu et d’orange au détour des perspectives. Jamais, il ne m’a été donné d’évoluer dans un tel décor :
Quelle rumeur a pu attirer les hommes au coeur de ces terres inhospitalières ? Seul le désespoir et le vide soufflent sur ces hauts plateaux. Néanmoins, dans le creux du vent, vient se glisser l’appel d’un autre monde. Au delà de la perception, le divin ! Et si, nous étions aux portes du Valhalla ?
De cette crête que je pointais du doigts, nous surplombons toute la région : le plateau mais aussi les nombreux canyons bordant ce dernier. Déjà, nous enclenchons la descente en suivant un chapelet de sources sulfureuses. La météo est étrange. Sous l’épais manteau de la dépression avec laquelle nous menons bataille depuis ce matin, le soleil tente de se frayer un passage. Encore une fois, des vers de la “Völuspá” me viennent à l’esprit : “Les rayons du soleil s’obscurcissent; après l’été, toutes les espèces de vent sont nuisibles”. Peut-être n’est-ce pas le Valhalla, mais Helheim ou encore, Vígríðr, le lieu de la fin du grand tout, le Ragnarök ? Cette lumière me marquera à jamais. Et c’est avec ces réflexions que j’arrive à Álftavatn, notre première étape sur le l’Iceland Trail.
Jour 4 : Dans la tourmente, arrêt forcé à Hvangill
Une nuit en enfer
Je m’en souviendrai encore longtemps de cette nuit au bord du lac Álftavatn. Elle avait pourtant bien commencé. En effet, nous nous sommes retrouvés à boire des bières, au chaud, dans le minuscule bar du refuge. Oui, oui cela existe sur le Laugavegur ! La bière et la fatigue de cette longue étape nous a rapidement conduit dans nos tentes. C’était sans compter sur le déchaînement nocturne des éléments. Rarement dans ma vie d’aventurier, je me suis retrouvé à devoir tenir les arceaux de ma tente (une 4 saisons). Ce fut le cas ici ! Le vent était si fort que la tente s’est littéralement couchée sur moi. La tempête a duré de la sorte jusqu’au petit matin ! Quand je vous disais que l’Islande avait des airs d’enfers. En réalité, cela fait partie du charme et de la beauté de ce territoire.
Que serait l’Islande sans sa météo capricieuse ? Même en été, l’Islande a réussi à me proposer l’intransigeance et la dureté des éléments que j’aime tant. J’en viens à me demander si je n’aime pas cette météo parce qu’elle fait écho à mon âme…
Au petit matin, c’est l’hécatombe : tentes déchirées, bagages envolés, personnes détrempées et fatiguées… Cependant, les participants de l’Iceland Trail sont globalement épargnés. Il faut dire que les guides ont passé une partie de la nuit à aider les participants dans le besoin. Qu’est ce que je suis heureux d’être, pour une fois, de l’autre côté de la barrière. Finalement, comme notre prochain lieu de bivouac s’avère encore trop sujet aux vents violents, les guides décident de faire un saut de puce de 5km et de fixer le camps à Hvangill. De fait, l’endroit est davantage abrité des vents dominants et nous protégera de la tempête annoncée la nuit suivante.
Une randonnée hors du temps
Après 5 petits kilomètres depuis le lac, nous plantons à nouveau les tentes à Hvangill. C’est ici que nous attendrons que la tempête passe avant de continuer le Laugavegur. Pour ne pas rester à rien, le gardien du refuge nous propose une petite randonnée jusqu’au sommet de la colline voisine. Le relief en Islande (comme aux îles Féroé) est particulier. Il n’y a pas besoin de grimper beaucoup pour avoir de nouvelles perspectives. Et là que dire si ce n’est que nous nous sommes littéralement pris une claque. Au sommet, un petit plateau nous offre un panorama à 360° absolument époustouflant. Les mots veulent sortir mais ils sont emportés par les rafales du vent.
Un désert de sable noir, infini, s’oppose à un mastodonte de glace, le glacier de Mýrdalsjökull. De longs rais de lumières déchire le contraste ainsi formé comme si les dieux souhaitaient prendre parti pour l’un ou l’autre dans un chaos fantastique.
À cet instant précis, je prends conscience d’une chose. En Islande, on ne contemple pas le paysage mais on s’y confronte. Plus qu’ailleurs en Scandinavie, il y a cette brutalité dans l’horizon. Je dirais même cette violence. En effet, le corps entier tressaille. Les muscles chauffent, le froid s’immisce, le vent gifle, la poussière irrite et aucune rumeur ne s’échappera jamais de cette île. On y laisse toujours une partie de soi. Personnellement, c’est là haut, face à cet horizon de contrastes, qu’une partie de mon âme s’est envolée pour disparaître dans les abysses du silence glacial. D’ailleurs, il me faudra tout le retour au camps pour digérer cet instant. Qu’importe la tempête à venir ! J’ai touché au divin.
Jour 5 : Traversée lunaire jusqu’à Emstrur
Jusqu’au refuge
La tempête tant attendue aura finalement été moins forte que la veille. Du coup le lendemain, l’ensemble du groupe est prêt à en découdre avec la rudesse du climat islandais. Le programme de la journée est assez simple : traverser le long et monotone désert de cendre noir de Hvangill à Emstrur. Hormis un passage à gué, la journée ne présente aucune difficulté. Je suis fasciné par le minimalisme monochrome des “sandar”, ces larges plaines alluviales. Alors que les jours précédents dévoilaient tout le contraste de l’Islande, cette section du Laugavegur se limite à un horizon noir perturbé par quelques montagnes orphelines.
Dans ce désert noir, l’âme vagabonde, déboussolée, dans la désolation de notre propre existence. L’Islande est la catharsis à notre obscurité.
Ces journées peuvent paraître ennuyeuses mais il n’en est rien. La monotonie en randonnée conserve en elle une ascèse oubliée et souvent honteuse : l’état d’oraison. Les pas deviennent la scansion, le rythme, à nos réflexions existentielles. Au cours de ces moments, il m’arrive souvent de penser aux êtres qui me sont chers, au sens de ma vie, à sa vacuité… Finalement, je dois constater que ces pensées formulées se rapproche de la prière. En fait, l’aventure et la vie en nature sont les deux états qui m’empêchent à basculer dans l’athéisme. Tant de beautés, de mystères, de déferlements émotionnels ne peuvent pas être seulement la résultante de la somme des parties de l’univers…
Randonnée du soir vers Markarfljótsgljúfur
Devenu un rituel depuis le début de notre aventure, le montage du camps est de plus en plus efficace et nous permet de piquer un petit somme avant la randonnée du soir. Sans aucune difficulté, cette dernière nous conduit au canyon de Markarfljótsgljúfur. La lumière de fin de journée fait particulièrement ressortir les reliefs et les textures de ces gorges creusées par la rivière Markarfljót. Pourtant, je retiendrai surtout la vue époustouflante sur le glacier Mýrdalsjökull. Ce gigantesque monument de glace se déverse dans la vallée dans une vague de textures plus hypnotisantes les unes que les autres.
Jamais le soleil ne se sera affiché franchment durant cette semaine. Pourtant, c’est les contrastes des puits de lumières et les ténèbres des ombres qui composeront les paysages que nous avons contemplés.
Ici à Emstrur, nous passons notre dernière nuit en bivouac sur le Laugavegur. Lové au creux de collines de jais, nous devinons au loin la calotte glacière qui me fascine tant. Le vent est définitivement de l’histoire ancienne mais le froid a pris le relais. Les participants s’abritent sous la tente mise à disposition par le refuge afin de manger et profiter de ces derniers instants au coeur de la nature sauvage islandaise. Demain, nous entamerons la dernière étape et, avec elle, le retour à la civilisation. Ce moment précis dans une aventure a toujours une saveur singulière. En effet, votre corps, fatigués, prient un confort retrouvé tandis que votre esprit apaisé n’aspire qu’à continuer le voyage. C’est ainsi que naissent les futurs projets d’aventure !
Jour 6 : Les canyons et l’arrivée à Þórsmörk
En me levant ce matin, j’ai su que cela ne serait pas la dernière étape tant souhaitée. De fait, j’ai les jambes lourdes et le souffle court. À peine, a-t-on commencer à marcher qu’une petite bruine commencer à tomber. Définitivement, l’Islande veut qu’on se souvienne d’elle. Est-ce la combinaison de tous ces éléments ? Quoi qu’il en soit, cette dernière étape sur le Laugavegur ne me laissera pas un souvenir impérissable même si quelques perspectives déploieront encore leur caractère épique à nos yeux émerveillés. Là où la veille, je trouvais le moyen de me recentrer dans une marche réflexive. Aujourd’hui, le corps a pris le dessus sur le mental.
La météo islandaise use l’esprit et fatigue le corps. Les paysages abandonnent alors le divin pour la pénitence. Pauvre de nous, il ne nous reste qu’à avancer un pas après l’autre.
Après avoir longer le canyon Markarfljótsgljúfur, nous rejoignons une succession de up&down offrant les derniers panoramas sur les hautes terres. Puis déjà, la plaine alluviale apparaît au loin, préfigurant la fin de notre aventure sur l’Iceland Trail et le Laugavegur. Un dernier gué est franchi à pied avant d’entrer dans une étonnante forêt de bouleaux, de myrtilliers et de camarines. Les rumeurs de la civilsation se font de plus en plus patentes. Les panneaux se multiplient, les sentiers également. Puis, au détour d’une boulaie, le refuge de Þórsmörk et le soleil. Finalement, n’est-ce pas la plus belle célébration que d’apercevoir l’astre solaire après une semaine d’obscurité ? Ce soir, la bière coulera à flot ! Skól. Takk. Bless.
Jour 7 : L’éruption du volcan Meradalir
Comme je vous le disais à l’entame de ce récit, nous avons eu la chance d’atterrir en Islande deux semaines après le début de l’éruption du Meradalir. Du coup, à peine étions-nous rentré à Reyjkjavik que nous avons sauté dans un bus préalablement réservé en direction du volcan. D’ailleurs, j’en profite pour vous dire que se déplacer en Islande en voiture depuis Reyjkjavik est extrêmemnt facile car il y a de nombreuses compagnies de location qui vous permettent de rejoindre tous les spots du pays.
Après une bonne heure, nous arrivons au début de la randonnée de 6km vers la caldeira. Il faut d’ailleurs jouer de patience car le volcan n’apparaît qu’au dernier moment même si les vapeurs souffrées donnent quelques indices préalables. Une fois en haut, imaginez marcher sur un faux-plat montant puis, d’un coup sans crier gare, les gerbes de laves apparaissent, jaillissant du cône éruptif. La chaleur vous enrobe instantanément. Des bruits sourds émanent des entrailles de la terre en même temps que la lave.
Et là, face à ce spectacle on surprend des larmes couler sur nos joues. Nous ne sommes rien. La vacuité de nos existences éructent des entrailles de la terre au même rythme que la lave. Face à tant de puissance, qui sommes-nous pour penser dominer cette nature puissance, merveilleuse et terrifiante ? Là, en bordure de cette terre de glace et de sang, la terre s’exprime, efface et crée de nouvelles perspectives au gré des coulées de lave. Nous, pauvres humains, restons sans voix devant tant de forces. On s’approche, on sent, on ressent, on contemple, on s’extasie devant tant de beautés et de férocités réunies. C’était la meilleure manière de clôturer cette aventure. Merci Islande, terre de glace et de feu !
La terre s’exprime et chante sa puissance dans une délicatesse de formes et de couleurs. Pourtant son art tient davantage du cri de guerre maquillé en élégie. Rien ne pourra échapper à la fin des temps. Quand Fenrir avalera le soleil et que l’obscurité nous avalera dans le vide abyssal. Le renouveau des temps n’échappera à l’ultime combat, au crépuscule ensanglanté et au Ragnarök.
Mes conseils pour vivre un Iceland Trail parfait
Préparation physique
Le parcours en soi ne comporte pas de réelles difficultés pour tout qui est un minimum entraîné. Dès lors, la préparation physique pour le Laugavegur est assez simple à résumer. En effet, si vous êtes capable de marcher 15km avec dénivelé ou 20km sur plat sans ressentir de fatigues particulières, vous serez entièrement prêt physiquement pour aborder le parcours du Laugavegur. Au contraire, si cela vous semble aujourd’hui compliqué, il vous suffira d’augmenter les distances et la difficulté progressivement. Dans cette perspective, ces entraînements vous donneront aussi l’opportunité de tester votre matériel. De fait, cet aspect n’est pas à négliger.
À vrai dire, le paramètre hasardeux en Islande reste et restera la météo. Dans ces conditions, plus qu’une préparation physique, c’est surtout une préparation matériel et mental dont vous aurez besoin. En effet, même si l’Iceland Trail se déroule durant l’été, vous ne serez pas à l’abri de pluie, de vent voir même de grésils. Dans cette perspective, je vous conseille de vous entraîner par tous les temps. Non seulement, cela vous permettra de tester votre matériel mais aussi de mettre à mal votre mental. En fin de compte, même si la météo est capricieuse, elle peut être également favorable.
En vérité, le dernier élément déterminant sera le poids de ton sac. L’organisation de l’Iceland Trail propose un portage (en option) de tes bagages. Je te le conseille fortement si tu n’as pas d’équipements suffisamment légers ou que tu ne te sens pas prêts physiquement. Personnellement, j’avais décidé d’être autonome et de tout porter. Au fond, si c’était à refaire, je pense que je rangerais mon orgueil de côté et ferais appel à ce portage. Cela m’aurait éviter des douleurs inutiles et garantit une meilleure forme tout du long.
Il n’y a pas de mauvaises météos que de mauvais vêtements
Mon matériel pour l’Iceland Trail
Le matériel est toujours une affaire de compromis. Dans cette perspective, cette liste répond à mes attentes mais dépendra des besoins de chacun. De fait, la liste que vous trouverez ici est un concentré de ce que j’ai pris avec moi. Enfin, sachez cependant que l’organisation fournit (en option) le matériel de bivouac (tente, matelas, sac-de-couchage et réchaud).
Randonnée
- Chaussures : Hoka One One Sky Kaha
- Chaussettes : Smartwool Hike Light Cushion
- Bonnet : Fjällraven Byron
- Polaire : Karpos Vertice
- Sous-couche chaude : Icebreaker Oasis LS Crewe
- Surpantalon imperméable : Cimalp Advanced
- Veste imperméable : Cimalp Advanced
- Veste isolante : Fjällraven Skogsö padded
- Sac-à-dos : Osprey Aether 100l
Bivouac
- Tente : Hilleberg Allak 2
- Sac de couchage : Valandré Shocking Blue NEO
- Réchaud : Jetboil Flash
- Couverts : Fourchette et cuillère titane “Light my Fire”
Matériel photo
- Appareil Photo : Nikon Z7II
- Objectif : Nikkor Z 24-70 2.8 s
- Drone : Mavic 2 Pro
- Pied photo : Gorilla Pod 5K
À toi de vivre ton aventure
Maintenant que vous savez tout de mon expérience, il ne reste plus qu’à vous inscrire, non ? Notez toutefois que le planning de votre séjour peut changer et je vous renvoie directement sur le site de l’Iceland Trail pour avoir les dernières informations et tarifs à jour ainsi. Néanmoins, Voici un rappel de tout ce qu’il faut savoir :
Le prix de l’Iceland Trail commence à partir de €575 par personne en Early Bord et inclut:
- 5 nuits en tente près des refuges sur le Laugavegur
- Tous les transports internes par bus
- Les guides Travelbase
- Système de suivi GPS pour les urgences
- Parcours GPX
Principales options :
- Vol A/R Keflavik : 510€ p.p.
- Iceland Trail Survival Food Pack (et set de cuisine) : 107€ p.p.
- Matériel de camping (sac de couchage, matelas, tente) : 79€ p.p.
- Transport de bagages : 140€ p.p.
Superbe récit. L’émotion derrière l’écran de mon GSM est palpable. Le cœur s’emballe, la respiration s’accélère, l’envie de fouler les sentiers est omniprésente. Terre mystérieuse, elle résonne en moi de plus en plus fort. Un jour, certainement, je viendrai te confier une partie de mon âme. Fabrice GENRAY
Merci beaucoup Fabrice ! Je te souhaite de pouvoir un jour foulée cette terre
Magnifiques photos, magnifique aventure, super compte-rendu.
C’est toujours un plaisir de revenir flâner sur ton blog. Lire tes aventures, c’est un instant suspendu dans le temps où on décroche un peu de son quotidien, merci à toi !
Merci Beaucoup Michael ! Cela fait plaisir à lire. Belle journée à toi !
Merci beaucoup Michael
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