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    Packraft dans le Nærøyfjord en hiver

    De retour en mars 2022 en Norvège du Sud, l’idée de faire du packraft dans le Nærøyfjord était une évidence. Ce Fjord, moins connu, n’en demeure pas moins l’un des plus beaux du pays. Je n’imaginais pas être ému aux larmes par un paysage. Le Nærøyfjord et ses extraordinaires lumières m’ont apporté tant de ravissements qu’il fallait que je vous le conte. Vous venez avec moi ? Je vous emmène pour deux jours decpackraft dans le Nærøyfjord dans une atmosphère d’un autre monde.


    Packraft dans le Nærøyfjord

    Le Nærøyfjord en hiver, le prétexte pour une microaventure extraordinaire

    Parmi les fjords norvégiens, le Nærøyfjord est sans doute l’un des plus impressionnants. Pourtant, avec ses 250m de large et ses 17km de long, il est un des plus petits bras du Sognefjord. J’avais déjà pu m’en rendre compte en 2018 lors de mon voyage d’un mois en Scandinavie. Ce jour-là, les nuages étaient bas et des rideaux de pluies arrosaient l’horizon. Je me souviens avoir été frappé par le gigantisme des parois, des cascades infinies et la rumeur des légendes qui y régnaient. Le temps me manquait pour l’explorer mais je m’étais juré de revenir en packraft dans le Nærøyfjord.

    Le Nærøyfjord déchire la terre froide de Norvège. Cette cicatrice est une complainte sombre et épique dans laquelle le fracas des boucliers résonnent encore aujourd’hui…

    Aau retour de notre expédition suédoise sur la rivière Kaïtum en septembre 2021, nous prenons la décision de partir l’hiver suivant en Norvège du Sud. Il n’y a aucun doute : il faut embarquer les packrafts et bivouaquer sur l’une des plages qu’abritent le fjord. De part son étroitesse, il est épargné par les énormes bateaux de croisière. Il conserve ainsi son caractère unique, sauvage et théâtral. Cependant, la météo nous joue des tours et, à plusieurs reprises, nous avons hésité à annuler notre microaventure en packraft dans le Nærøyfjord. Cela aurait été notre plus grosse erreur car nous avons vécu une aventure hors du temps absolument éblouissante.

    Pour une lecture encore plus immersive de cet article, je te conseille d’écouter ceci :

    Packraft dans le Nærøyfjord

    Packraft dans le Nærøyfjord en hiver

    Prendre la mesure de la majesté

    Nous nous mettons à l’eau à Gudvangen. Les charpentes croisées à tête de cheval et les toitures végétales du village viking reconstitué nous plongent dans une atmosphère toute particulière. De son côté, le fjord est menaçant. Le ciel est bas et sombre. Au loin, je perçois le croassement lugubre de corbeaux. Un vent froid s’y engouffre et un frisson me parcourt l’échine. Devant nous, le fjord nous appelle. Il nous hante. On pourrait presque percevoir la scansion des rames des drakkars de jadis. Pourtant, il n’y a que le silence. Même le vent s’engouffre sans un bruit dans cette vallée marine.

    Les premiers coups de pagaie nous emmènent loin des rumeurs de la civilisation. Le vent nous fait face et quelques gouttes tombent du ciel. Au loin, se trouve le petit village de Bakka dernier rempart d’humanité dans ce monde titanesque. Au fur et à mesure que nous avançons, le ciel se déchire. La lumière tombe et danse sur les parois infinies du fjord créant une multitude de clairs-obscurs. Dans ce décor, les perspectives sont tronquées. L’immensité perturbe la perception de l’espace tandis que la majesté du lieu nous rend muet. Comme si le fjord était un de ces temples imposant le silence à ses fidèles. Il est déjà passé midi quand nous arrivons à hauteur du village. Nous décidons de nous arrêter sur une plage en face de ce dernier.

    Au milieu du Fjord, sur nos packrafts, chaque coup de pagaie nous rapproche du sentiment des premiers hommes à être arrivé ici. Le ciel est torturé. L’ombre et la lumière se battent comme si c’était la fin des temps. Peut-être est-ce le cas ? A moins que cela ne soit qu’un début ?

    Packraft dans le Nærøyfjord
    Packraft dans le Nærøyfjord
    Packraft dans le Nærøyfjord

    L’authenticité à l’épreuve de la nature

    Après avoir accostés, nous décidons de faire un feu. Le soleil a pointé le bout de son nez mais il fait froid et il y a toujours ce vent glacial en provenance du fond du fjord. Néanmoins, aujourd’hui, nous pouvons enfin profiter de la journée. En effet, lors de mes précédentes expéditions en Finlande ou en Suède, les contraintes météo, l’éloignement et le froid m’amenaient à devoir pousser les troupes. Résultat, nous n’avions que rarement le temps de contempler le paysage ou de faire des images. D’ailleurs, on a souvent tendance à penser – souvent avec raison – qu’Instagram n’est qu’illusion et mise en scène. Je peux vous assurer qu’en expédition il n’y a pas la place pour réfléchir aux algorithmes. La nature dicte votre organisation. C’est à vous de saisir chaque infime instant pour la postérité…

    La nature est imparable, intraitable et parfois effroyable. La quête absolue d’images doit s’y résoudre mais elle permet de toucher à l’authenticité de l’instant.

    Pour moi, la beauté d’une expédition tient à son authenticité intrinsèque. On ne peut mentir. Là, sur cette plage au milieu du fjord, le feu devient une nécessité, le café un luxe et le paysage un cadeau des éléments offert à nos carcasses transies. Alors, je profite, je célèbre et je savoure le fait d’être présent à ce moment précis. Et parce que le confort est spartiate, nos lyophilisés deviennent des banquets de rois. Nous sommes les seuls dans le fjord. Il est temps de rejoindre nos embarcations, le ventre plein, la soif d’aventure. Continuons-là, par de-là les cimes et les méandres. Entrons dans ce royaume protégé par les forces de la nature. Respirons à plein poumon, fonçons, découvrons mais surtout émerveillons-nous.

    Packraft dans le Nærøyfjord
    © Gaëtan Fisse
    Pause de midi en face du village de Bakka
    © Gaëtan Fisse
    Packraft dans le Nærøyfjord

    L’écrasante immensité, les larmes

    Le fjord oblique légèrement et masque toute présence humaine. Les parois verticales de plus de 1000mètres écrasent l’orgueil de l’humanité. Là au milieu de l’eau, sur nos frêles esquifs, je suis littéralement terrassé par la beauté du lieu. Les mots me manquent pour décrire l’émotion face à tant de grandeur. J’ai toujours été fasciné par les infimes variations de la lumière, des sons et des odeurs. Ici dans ce théâtre de roche et de glace, j’ai l’impression qu’ils endossent leurs plus belles expressions pour dessiner les contours de notre aventure en packraft dans le Nærøyfjord. Comme si cela ne suffisait pas, une lumière baigne la vallée d’une ambiance dorée. Je décide de m’éloigner du groupe pour prendre pleinement conscience de l’instant.

    Cela faisait longtemps que l’émotion ne m’avait pas submergée à ce point. Est-ce l’évidente beauté du fjord ? Est-ce mon esprit divaguant dans un monde de légendes et d’épopées viking ? Ou bien est-ce le poids du silence ? Qu’importe au final. Les ingrédients sont là et m’enlèvent les mots de la bouche. À défaut de pouvoir y mettre les termes précis, je glisse des émotions : sérénité, songerie et une forme de plénitude et d’équilibre. Le paysage suscite ce tourbillon qui participe à une contemplation ultime celle d’une connexion totale avec le monde. Les larmes coulent, elles sont sans doute la meilleure réponse à tant de beautés.

    Fin de journée, les derniers rayons du soleil s’arrachent du fjord.Le ciel s’enflamme. Fenrir s’apprêterait-Il à avaler le soleil. Ragnarök, Ragnarök, Ragnarök ! Fin des temps, fin du jour, demain la renaissance. Aujourd’hui, la grandeur s’impose. Fermons les yeux. Réchauffons nos cœurs. Nous sommes les rois du fjord

    Packraft dans le Nærøyfjord
    Packraft dans le Nærøyfjord
    Packraft dans le Nærøyfjord
    Packraft dans le Nærøyfjord

    Bivouac au coeur du fjord

    Alors que le soleil disparaît sous la ligne de crête, nous atteignons une petite plage en face du petit hameau de Dyrdal. La température chute drastiquement. Les derniers coups de pagaies ne furent d’ailleurs pas des plus évidents. Dès lors, une fois à terre, on s’affaire à monter le camps et à chercher du bois. Une fois les tentes montées, on allume le feu et on s’en approche le plus possible pour contrer le gel mordant qui est tombé au fond du fjord. Malgré toutes mes couches et un feu entretenu, je peine à me réchauffer. J’ai l’impression d’être littéralement froid en dedans. La proximité immédiate avec l’eau doit y être évidemment pour quelque chose mais je n’imaginais pas à quel point cela pouvait être aussi impactant.

    Ce soir-là, le ciel est totalement clair. La veillée autour du feu est calme, on mange et on enchaîne les boissons chaudes tout en laissant vagabonder nos esprits dans la danse des flammes. En effet, il nous faut bien toute la soirée sur cette plage au coeur de cette nature pour digérer la claque que l’on vient de se prendre, tous. Cette journée fut tellement riche qu’elle nécessite un temps d’appropriation comme si nous avions reçu trop d’émotions en une fois. Ce type de journée est précieux et nous en avons pleinement conscience. Il faut désormais le faire résonner lors de notre extatique et muette fascination des flammes. Chacun, dans la discrétion de son esprit prend conscience de l’énorme chance de vivre ce moment. .

    Iode, feu de bois, froid glacé de la montagne, serait-ce les ingrédients de la liberté ?

    Bivouac dans le Nærøyfjord
    Feu de camps dans le Nærøyfjord

    Majesté glacée

    Au petit matin, dans le crissement de ma tente gelée, j’attends avec impatience les premiers rayons de soleil. Il aura fait -10°c cette nuit, suffisamment pour geler partiellement le fjord. Le froid est mordant et l’absence de bruit est assourdissant. Chaque mouvement semble s’entendre à des kilomètres alors qu’il peine à atteindre les oreilles de mes camarades. Rares sont les matins où nous devons raviver le feu mais ici, c’est intenable. En effet, le fjord souffle en notre direction une petite brise qui nous glace les os. Après un café, nous nous affairons à replier le camps au plus vite, afin de nous mettre en mouvement rapidement.

    Lever sa kuksa au fjord, célébrer la sérénité du lieu, puis briser la glace dans le silence du matin, le fjord efface les peines par sa quiétude glacée.

    Comme tous les matins en nature, je bois mon café dans ma kuksa ; ma manière pour remercier le grand tout du spectacle offert. Ce matin-là, nous venions de passer la nuit au coeur d’un des plus beaux fjords de Norvège. Malgré le froid mordant, nous étions les rois contemplant le premier matin d’un nouveau monde. Parenthèse hors du temps, nous sommes devenus en l’espace de quelques heures les vagabonds de nos propres existences. Abandonnant les turpitudes du quotidien, ces deux jours de packraft dans le Nærøyfjord m’aura transformé, comme jamais je n’aurais cru cela possible. Rois et vagabonds, les fjords abriteraient-ils l’essence de nos vies ? Celui de souffler sur la déception de l’existence la richesse d’une telle expérience.

    Packraft dans le Nærøyfjord
    L'équipe de Cairn Outdoor dans le Nærøyfjord
    Matin dans Nærøyfjord

    Une parenthèse hors du temps

    On se met à l’eau. Rapidement, le gel nous encercle. Les montagnes semblent encore plus pures que la veille. Devant nous, un miroir, reflet d’un matin parfait. On ose à peine planter nos pagaies pour ne pas briser la sérénité ambiante. Le paradis est là, devant nos yeux, dans le soupir d’un moment suspendu. Comment pourrions-nous quitter ces montagnes, ce fjord, ce pays ? C’est impossible. Il fait partie de nous… Les larmes gèlent sur les joues. C’est, finalement, la manière la plus juste pour rendre hommage à ces paysages…

    Perdu entre la beauté des cimes et cette couche de glace, nous abandonnons, non sans regret, ce lieu magique. Le soleil du matin magnifie ce paysage tout droit sorti d’une épopée. Nous cassons la glace. Cette dernière semble vouloir nous garder à jamais dans le fjord. Pourtant d’autres aventures nous attendent. Et, tandis que la rumeur de Gudvangen parvient à nos oreilles, il est temps de jeter un dernier regard à la perspective grandiose du Nærøyfjord. Nous accostons, comme de nombreux vikings, l’ont fait avant nous. Nous dégonflons nos embarcations et disparaissons, des souvenirs plein la tête de ces deux jours de packraft dans le Nærøyfjord.

    La montagne soigne. Elle soigne le voyageur égaré de la torpeur. Elle amène à lever les yeux vers le ciel. Contempler les parois verticales comme une lente élévation de l’esprit. La montagne soigne, elle nous ramène à célébrer la beauté du monde comme antidote à la folie humaine.

    Packraft dans le Nærøyfjord
    © Gaëtan Fisse
    Le fjord Nærøyfjord en Norvège du sud
    Packraft dans le Nærøyfjord

    Parcours – 2 jours de randonnée dans le Nærøyfjord

    Afin de préserver le milieu, les parcours sont désormais payants au prix de 3€. Cela permet de financer le blog et de vous conscientiser à l’importance de prendre soin des chemins et infrastructures que vous empruntez ou utilisez. En effet, les parcours traversent souvent des zones sensibles et protégées.

    Merci de votre compréhension

    Packraft dans le Nærøyfjord

    Matériel

    Le matériel est toujours une affaire de compromis. Il répond à nos attentes mais dépendra des besoins de chacun. La liste que vous trouverez ici est, à mon sens, un bon point de départ si vous envisagez de réaliser cette microaventure de deux jours de packraft dans le Nærøyfjord.

    Randonnée

    Bivouac

    Packrafts

    Packraft dans le Nærøyfjord

    Vidéo

    Packraft dans le Nærøyfjord
    Julien
    Julienhttps://www.sentiersduphoenix.be
    Je m'appelle Julien, j'ai 34 ans. Je suis passionné d'aventures, de nature et de sports outdoor. Mon blog "Sentiers du Phoenix" est un peu comme mon feu de camps permanent autour duquel je te partage toute ma passion pour l’Aventure, le Trail et la vie en pleine nature. On part ensemble à l'aventure ?

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