Là haut en Finlande, sur le cercle polaire, se trouvent une série de petits parcs nationaux aussi riches que différents. Chacun à leur manière, ils révèlent toute la magie d’une région riche en activités outdoor mais aussi baignée de légendes infinies. Je vous propose de partir avec moi en randonnée dans le parc national de Riisitunturi en Laponie finlandaise. Cela sera l’occasion pour moi de vous dévoiler toute la beauté de la Laponie en été et de vous présenter quelques unes des légendes qui ont pris naissance dans les forêts d’épicéas et les marais du parc national de Riisitunturi.
Parc national de Riisitunturi : immersion en terre légendaire
Connaissez vous le parc national de Riisitunturi ? Coincé entre les parcs d’Oulanka et de Hossa, ce petit trésor lapon ne manque pas de ressources. Couvert par une forêt primaire parsemée de lacs et marais, cette région a toujours été un berceau d’humanité au coeur d’une nature sauvage. En effet, depuis la nuit des temps, les nomades viennent y cueillir baies, champignons mais aussi y chasser le renne et l’élan. À partir du milieu du 16e siècles, les anciens finnois majoritairement sédentarisés viennent même y faire paître le bétail l’hiver dans les prairies boréales qui parsèment la région. De cette relation étroite entre l’homme et la nature naquît une symbiose parfaite que seul l’homme moderne est venu perturbé.
Face à cette nature hostile et à la solitude permanente, de nombreuses légendes ont vu le jour au coin du feu ou sous les branches des épicéas.
Tapio, dieu de la forêt, a alors étendu son emprise sur les hommes et le gibiers. Il imposa son respect. Face à cette force divine irriguant toute la forêt, les anciens finnois offraient les premières prises au dieu pour s’assurer une bonne chasse. Cette offrande “à la Table de Tapio” était réalisée sous un épicéa dont la tête était coupée. La croissance de ce dernier était alors horizontale, lui donnant un air de table végétale. À cette époque, l’ours, animal sacré dans la mythologie finnoise, peuplait encore les sous bois. Chassé, il n’en demeurait pas moins honoré à sa juste valeur. En effet, les anciens finnois enterrait les os sous un pin et perchait le crâne de l’ours sur la plus haute branche de l’arbre afin d’assurer à son âme de s’élever vers sa demeure céleste…
Pour une lecture encore plus immersive de cette randonnée, je vous conseille d’écouter ceci :
Randonnée dans le parc national de Riisitunturi en Laponie finlandaise
Randonnée de Riisin Rietas
Face à tant de légendes, je ne pouvais pas ignorer le parc national de Riisitunturi (vous commencez à me connaître). Après une matinée de repos à Kuusamo faisant suite à la microaventure en packraft sur la rivière Oulanka, je me dirigeais l’après-midi vers ce parc situé à une petite heure de route. Comme je n’avais qu’une après-midi pour découvrir Riisitunturi, j’avais repéré la randonnée du Riisin Rietas. Je l’ai choisie car, avec ses 11km, elle me permettrait de m’immerger au coeur du parc en un minimum de temps et de goûter à ces vastes et silencieuses étendues.
La randonnée démarre de l’une des principales entrées du parc : le Riisitunturi Starting Point. Plusieurs randonnées (une majorité) démarrent d’ailleurs de là. Il est impossible de se tromper. Comme dans tous les parcs finlandais, une “cabane” marque le début des randonnées. Souvent riche en renseignements, elle mérite qu’on s’y attarde un minimum pour partir avec toutes les infos nécessaires lors de votre rando. Néanmoins soyez rassuré, la randonnée du Riisin Rietas ne comporte pas de grosses difficultés et pourra être réalisée en quelques heures.
Jusqu’au Riisitunturi
Mes premiers pas dans le parc me paraissent étranges. Le sentier est totalement aménagé et le balisage, comme toujours en Finlande, est parfait ! Ce n’est pas du tout ce que mon aventure dans le parc Oulanka m’avait habitué. J’avance ainsi dans un paysage dégagé, entre myrtilliers, camarines et quelques rares épicéas squelettiques. La vue sur le parc est totalement ouverte. Déjà j’atteins le point culminant de la randonnée le Riisitunturi et le parcours nous fait plonger dans la vallée. Je m’arrête régulièrement près des panneaux didactiques qui jalonnent le parcours. Ils expliquent notamment les éléments que je vous ai présenté ci-dessus : l’Ours, la table de Tapio, mais j’y apprends également l’histoire de Riisin Rietas.
Pour la petite histoire, Riisin Rietas était un misérable vagabond qui perdit la vie dans les profondeurs des forêts. Il donna son nom à la colline dominant la région, le Riisitunturi, (et donc au parc). Depuis sa mort, Riisin Rietas hante la forêt et les marais. Son âme en peine ne semble pourtant pas déranger Tapio, le roi de la forêt, qui tolère sa présence ! D’ailleurs, nombreux sont les randonneurs qui rapportent avoir entendu un terrible mugissement dans les tréfonds de la forêt. Est-ce seulement le vent ou bien l’âme damnée de Riisin Rietas ? Je vous avoue que j’aimerais croire à la seconde option…
L’on raconte que, lors des longues journées noires de l’hiver, des cris d’outre-tombe résonnent encore au coeur de la forêt. Sans doute les derniers borborygmes d’un être torturé..
Dans la vallée, marais et forêt primaire
Une fois que l’on descend dans la vallée, le changement de décor est total. Protégé des vents, les épicéas reprennent leur place avec fierté. Le sentier, quant à lui, révèle sa vraie nature : tortueux, sinueux, plein de racines,… À l’ombre de la forêt boréale, l’atmosphère se fait également plus lourde, plus pesante… J’ai toujours cette étrange sensation à proximité de marais. C’est sans doute la réminiscence du Marais des Morts dans le Seigneur des Anneaux… Pourtant, des caillebotis nous permettent régulièrement de nous extirper de l’emprise des marais qui auraient vite fait de nous faire rejoindre Riisin Rietas. Pourtant la canicule de l’été 2018 les a pratiquement asséché.
Après cette parenthèse au coeur de la Taïga, je rencontre les premiers “refuges” du parcours. Certains sont de vraies cabanes, d’autres de simples abris. Quoiqu’il en soit, ils sont mis à disposition gratuitement et sont toujours approvisionnés en bois sec. C’est un dénominateur commun des parcs nationaux finlandais (et suédois). Ces infrastructures totalement intégrées au milieu permettent de voyager léger et d’apporter un minimum de confort dans une nature qui aime mettre les organismes à rude épreuve. Elles révèlent également l’intérêt profond et intrinsèque que portent les finnois pour la nature sauvage, partie intégrante de leur vie et de leur identité.
Et tout le long du parcours, des abris invitent le randonneurs à se poser ou à passer la nuit au coeur du parc… Ils sont autant de prétextes à la microaventure !
Retour par le Riisitunturi, les monts de Hurlevent…
Puis au milieu des marais apparaissent deux masures, vestiges des anciens finnois qui venaient jadis faire paître leur bête. Comme quoi cette tradition de l’abri en pleine nature est inscrite au plus profond du peuple lapon. Elles sont également le synonyme du début de l’ascension du Riisitunturi. Alors que le fonds de la vallée semble s’extraire du temps et des éléments, plus je grimpe, plus le vent s’intensifie.
Une ultime cabane apparaît. Je vous avoue qu’avec la fatigue des jours précédents, je me serais bien posé pour me faire une petite kuksa de café. Malheureusement, la météo a changé en quelques instants. Le vent a soudainement forci. Il préfigure plus que certainement l’arrivée d’un orage. Je me dépêche de retourner à la voiture. Honnêtement, je serais resté des heures à contempler l’infini de l’horizon. Je vous conseille d’ailleurs de prendre votre temps là haut. La vue est juste exceptionnelle !
Parcours – Randonnée dans le parc national de Riisitunturi en Laponie finlandaise
PLAN IGN
PHOTOS AERIENNES / IGN
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Informations techniques
Rando de Riisin Rietas dans le parc national de Riisitunturi en Laponie finlandaise
Informations complémentaires
Départ
Le départ de la randonnée se fait à l'entrée principale du parc (entrée Est).
Difficulté
Le parcours ne présente aucune difficulté particulière.
Parcours
Le parcours est extrêmement bien balisé. Il dispose de plusieurs cabanes ou abris qui permettent de pic-niquer au sec ou d'éventuellement passer la nuit.