La Bavière, ce Land allemand blotti au pied des Alpes, respire davantage le romantisme, la féérie et la gastronomie que l’aventure. Pourtant, sa nature possède tous les ingrédients pour se concocter un séjour mixant subtilement découvertes et activités outdoor. Je voulais voir la Randonner en Bavière en hiver et goûter à son parfum d’aventure, je n’ai pas été déçu. Vous me suivez ?
La Bavière en hiver
Explorer les extrêmes
La Bavière est surtout connue pour Munich, son Oktoberfest, ses châteaux romantiques et sa gastronomie que pour ses activités de pleine nature. À première vue, on peut le comprendre car, lorsqu’on arrive dans le Land, ce sont plutôt les grandes étendues de campagnes qui s’offrent aux visiteurs. Pourtant, il ne faut pas désespérer et se diriger vers le lointain où apparaissent la silhouette des sommets.
Là, à la frontière autrichienne, perdus au milieu des sommets enneigés et des vallées profondes, les plus grandes aventures peuvent prendre vie…
Pour ce voyage, je me suis concentré sur deux régions diamétralement opposées pour partir randonner en Bavière. La première est le Parc national de Berchtesgaden, le seul parc national alpin d’Allemagne, réputé pour la pureté de ses eaux et la magnificence de ses montagnes. La seconde se résume au village de Hohenschwangau qui cache sur son territoires l’un des châteaux les plus féériques sur terre : le château du Neuschwanstein. Entre les deux ? Une succession de paysages aussi mystérieux et envoûtant que des peintures romantiques.
Royaume romantique
Ces deux régions sont aussi (et malheureusement) les plus touristiques d’Allemagne. Heureusement, lorsque l’hiver dépose son manteau d’albâtre, les sentiers sont abandonnés. Seuls sur ce réseau immaculé, les randonneurs et sportifs passionnés de nature et de solitude s’y jettent à corps perdu. Sous la neige, la Bavière revêt le nostalgique manteau de fantaisie autrefois porté par Louis II de Bavière, ce roi rêveur injustement qualifié de fou.
a Bavière offre des paysages “littéraires” où l’errance devient la porte d’accès à l’inaccessible atmosphère qui y règne…
Randonner en Bavière en hiver
Parc national de Berchtesgaden
Premier arrêt dans ce paysage enchanteur, le Parc national de Berchtesgaden. Ce parc m’attirait depuis de nombreuses années. En effet, il se structure autour d’un lac, le Königsee qui traverse le parc de part en part et donne aux montagnes du Tyrol de faux airs de Fjords scandinaves. Le parc est donc un des spots les plus impressionnants pour randonner en Bavière.
Pénétrer dans le Parc national de Berchtesgaden, c’est s’ouvrir à un monde perdu entouré de montagnes et imprégné d’une beauté éthérée…
Créé en 1978, le Parc national de Berchtesgaden a défini une politique de protection de la nature assez stricte visant à limiter l’impact humain au maximum et de rendre à la nature sa force et son libre arbitre. Les phénomènes comme l’érosion, les chablis ainsi que la régénération naturelle ne sont pas empêchés ou contrôlés afin de rendre au milieu son aspect originel.
Randonnée vers St Bartholomä
Pour véritablement expérimenter cette solitude hivernale, je vous conseille de prendre le bateau (électrique) qui démarre de Schönau am Königssee vers St Bartholomä (Horaires Hiver-Été). L’hiver, c’est malheureusement le seul arrêt desservi. Par contre, en période estival vous pourrez atteindre l’Obersee, ce lac caché au fin fond de la vallée et revenir en ville par la montagne en faisant étape dans les refuges.
La traversée dure 35 minutes et est accompagnée par des commentaires sur l’histoire du parc. Vous serez plus que vraisemblablement entassé dans ces bateaux mais tenez bon. Dès que vous posez le pied à terre, il y a moyen de s’extraire de la foule pour profiter d’un isolement dans des paysages à couper le souffle.
Face à face avec les montagnes
Une fois arrivé à St Bartholomä, magnifique chapelle baroque dont la rondeur des bulbes du clocher contrastent avec la rigueur des montagnes, je vous suggère de prendre la direction de l’EisKappel. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une chapelle de glace formant une cathédrale glacée. Cachée et inaccessible en hiver, la balade de quelques kilomètres en vaut malgré tout vraiment la peine coup.
Pied à terre ? Filez droit devant vous ! Arrachez-vous à la foule comme une avalanche au flanc de la montagne.
Je vous conseille de vous équiper de raquettes car la neige peut être abondante. Après avoir traversé une sombre forêt, la vallée offre tout son gigantisme à ceux qui s’en donnent la peine. La montagne s’élève et vous écrase de sa majestueuse verticalité. Là, face à tant de beautés, il n’y a que la contemplation qui peut venir à votre secours. La Bavière en hiver est tout simplement grandiose !
Au fond de la vallée, les névés, ces larmes de l’hiver, habillent la triste parois de pierre.
Devant ce gigantisme écrasant, je n’ai qu’une envie : m’assoir dans la neige et contempler chaque détail de cette draperie rocheuse.
Face Nord ! Face triste ! Agenouillé dans le froid, l’on prie pour voir les rayons du soleil transformer cette masse grise en joyaux. Le soleil, orfèvre des montagnes.
Obersee en vue
En revenant de ce face à face avec les montagnes, vous n’aurez qu’une seule envie : prolonger votre marche érémitique. C’est la raison pour laquelle je vous invite à me suivre pour découvrir l’Obersee, ce lac caché au fond de la vallée. Pour ce faire, restez dans la forêt (vous commencez à avoir l’habitude avec moi 😉 ) et contournez la chapelle St Bartholomä en direction du fond de la vallée.
Caché et protégé par les montagnes, j’espérais ardemment pouvoir faire du Packraft sur ses eaux calmes et sombres. L’hiver en a décidé autrement. Tous les sentiers y menant sont impraticables. Bien décidé à entr’apercevoir sa silhouette lointaine pour nourrir mes fantasmes d’aventures, je longe les berges du lac avant de m’élever vers son point de vue via un chemin raide et glissant.
Longeant les berges du Königsee, les montagnes vibrent dans le lac. Dans l’eau, tremblent les sommets !
Après quelques efforts, le chemin s’enfonce au coeur des montagnes . C’est là qu’en hiver, l’on s’arrêtera pour contempler l’une des plus emblématiques perspectives du parc. Malgré ma frustration de ne pas avoir pu atteindre le lac, la vue offerte là-haut a été un palliatif plus que convenable. Je vous conseille d’ailleurs de vous écarter un peu du chemin pour vous installer et pic-niquer. Un tel paysage mérite bien que l’on se pose pour en contempler les moindre détails, vous ne trouvez pas ?
Randonner en Bavière en hiver – Errance autour de St Barthalomä
11km 2 A/R – 4-6 heures – 680 D+
Départ : Église de St Barthalomä (uniquement accessible par bateau en hiver – Horaires)
Parcours : Le parcours se constituent de deux A/R. Les chemins peuvent être énormément enneigés. Soyez-en conscients et soyez équipés en conséquence. Le parcours n’est pas conseillés aux enfants.
Conseils : En hiver, la quasi totalité des chemins est fermée. Envie d’explorer davantage le parc, je vous conseille de programmer une sortie en raquette sur plusieurs jours en logeant dans les refuges.
Sur les terres de Louis II de Bavière
Après avoir exploré le Parc National de Berchtesgaden, j’ai repris la voiture en pleine tempête de neige. Nous rejoignons la région de Füssen et plus particulièrement le petit village de Hohenschwangau. C’est là, au pied des montagnes, dans un décor de conte de fée, que le roi Louis II de Bavière aimait se perdre et construire les légendes dont il était le héros. J’y découvrir de magnifiques parcours cachés pour randonner en Bavière loin des foules.
Oh, il est nécessaire de se construite de tels paradis, de tels lieux de refuges poétiques où l’on puisse oublier, pendant quelques temps, l’époque épouvantable où nous vivons.
– Louis II de Bavière
Vous l’aurez compris, cette région blottie au pied des Alpes et ponctuées de lacs plus romantiques les uns que les autres est littéralement imprégnée de la fantaisie de ce roi, fan de Wagner et des contes & légendes germaniques. Il passa la plus grande partie de son enfance dans le château familial de Hohenschwangau d’où il pouvait contempler les vieilles ruines de Falkenstein, épaves de pierre perdues dans les montagnes. C’est précisément là qu’il construira plus tard une véritable fantasmagorie architecturale : le château de Neuschwanstein.
Autour du château de Neuschwanstein
Le château du Neuschwanstein est le monument le plus visité d’Allemagne. Même si l’hiver, la fréquentation diminue un peu. Cela reste un lieu extrêmement populaire qui peut vite devenir bondé. C’est la raison pour laquelle je vous conseille de vous lever aux aurores. Ainsi, vous profiterez un maximum de la magnifique nature qu’offre les alentours immédiats du château.
L’errance solitaire à la manière de Louis II de Bavière est encore possible moyennant quelques petits subterfuges. L’isolement a un prix qui ne s’acquiert qu’à vos risques et périls. Pour ce faire, dirigez-vous vers le sentier des gorges de la Pöllat (Parcours). L’accès en est fermé jusqu’à nouvel ordre à cause de chutes de pierre mais si votre goût de l’aventure prend le dessus, il suffit de contourner la lourde barrière en passant au dessus du vide et entrer dans l’univers fantastique du roi de Bavière.
Le long de la Pöllat
Les parois verticales et les eaux de la Pöllat vous accueilleront dans un tumulte permanent. L’ambiance y est à la fois enivrante et effrayante. Cependant, ne restez pas trop longtemps au fond des gorges car les chutes de pierres sont réelles. Je suis complètement tombé sous le charme de ces gorges. En remontant le cours de la rivière, je contemple ce vallon comme s’il était un joyau fragile et secret du roi. Dominé par l’impressionnant Marienbrücke, le vallon courbe l’échine et se faufile au pied du château.
Il y avait bien sûr la saveur de l’interdit mais aussi et surtout le soleil peignant avec subtilité l’un de ces tableaux romantiques et épiques…
Le sentier, de plus en plus pentu, me permet de rejoindre l’arrière du château. De là, je me dirige vers le pont que j’avais pu contempler d’en bas. Malheureusement, comme souvent en hiver, le pont peut être fermé pour des raisons de sécurités (gel rendant glissant le pont). Fermé par une lourde porte métallique, je ne résiste par à la tentation et enjambe la lourde porte métallique. Je m’avance alors lentement sur le pont, seul, libre. Je contemple alors un paysage qui restera gravé encore longtemps dans mon esprit.
Du pont, le château prend des allures de chasse médiévale, un bijoux d’orfèvrerie dont l’éclat rayonne aux yeux des contemplateurs
Vers l’ancien repère de chasse
Je reviens sur mes pas et découvre que l’ancien repère de chasse de Louis II, perdu en pleine montagne, est ouvert. La Berggasthaus Bleckenau est aujourd’hui une Guest House Ni une, ni deux, je décide de m’y rendre. L’établissement est accessible par une longue route enneigée de 3km qui traverse un paysage enchanteur. Cerné par les montagnes, j’avance perdu dans mes pensées. Le calme qui règne m’impressionne alors que plus bas le village doit être écrasé par le brouhaha des touristes ; ici, rien d’autre que le silence. Je peux savourer le calme d’une randonnée en Bavière parfaite…
J’imagine Louis II de Bavière rêvant à ses folles épopées inspiré par le mugissement du vent entre les sapins et la neige soufflée sur les sommets, valse dantesque de l’hiver.
Arrivé à l’auberge, je prends une chaude et succulente tasse de café en terrasse. Le soleil me caresse le visage. L’auberge propose de bons petits plats traditionnels. Comme je ne mange jamais le midi en randonnée, je passe mon tour. À peine ai-je fini mon café que le soleil se cache derrière la montagne. Je reprends alors mes affaires et entament la descente à travers bois jusqu’à Hohenscwangau. Après deux bonnes heures de solitudes forestières, je dois amèrement constater que je m’approche du village : la rumeur de la folie touristique résonne dans la vallée… il n’empêche que j’ai sans doute fait l’une des plus belles randonnées de Bavière.
Randonner en Bavière en hiver – Autour du château du Neuschwanstein
11,5km A/R – 5 heures – 530 D+
Départ : Gare des bus de Hohenschangau
Parcours : Le parcours ne présente pas de difficulté particulière. ATTENTION : les gorges de Pöllat sont fermées au public à cause des chutes de pierres. Accès à vos risques et périls !
Conseils : Si vous souhaitez éviter les gorges de la Pöllat, il y a moyen d’avoir accès à la partir haute du vallon en empruntant les chemins balisés menant à l’arrière du château.
Packraft au crépuscule sur l’Alpsee
Naviguer au couchant
Les hordes de touristes dans le village contrastent avec la beauté et le calme des montagnes. Finalement peu de monde part randonner en Bavière en hiver, il se contente d’aller jusqu’aux spots (“Instagram Maniac & Crazy People”). C’est trop pour moi. Je prends directement la direction de l’Alpsee. Ce lac est le trait d’union entre les deux châteaux qui voient leur silhouette s’y refléter. Le Packraft est dans le sac à dos depuis le début de la journée. Voilà que ces 3 kilos prennent toute leur importance. En effet, ils vont me permettre de fuir encore une fois l’effervescence touristique incontrôlée et incontrôlable.
Faisant dos aux châteaux féériques, je contemple les montagnes depuis mon Packraft. La magie prend possession du ciel, le baignant dans une douce atmosphère pastel.
Je trouve rapidement un lieu où mettre le Packraft à l’eau. Gonflé en quelques minutes, je prends le large et me dirige vers les montagnes à l’horizon. Là, au milieu du lac, seul, je me plais à savourer ces instants suspendus aux limbes. Progressivement, le vent se lève avec l’arrivée du crépuscule. Le ciel cotonneux prend des couleurs rosées qui se reflètent sur les sommets enneigés. La magie s’empare de l’instant. Je comprends alors intimement pourquoi le roi était si attaché à ces paysages. Leur simplicité cache en réalité une infinie complexité : celle des contes et légendes qui y règnent…
Pas de packraft ? Randonnez !
Vous n’avez pas de Packraft ? Le tour du lac vous permettra de savourer la douce atmosphère de l’endroit. Au début, la vue des montagnes est tout simplement magnifique. Au bout du lac, vous pourrez profiter de la vue sur les deux châteaux. Vous l’aurez compris. L’aurore et le crépuscule sont les périodes à privilégier pour faire le tour du lac.
Randonner en Bavière en hiver – Tour de l’Alpsee
7km A/R – 1h30 heures – 150 D+
Départ : Gare des bus de Hohenschangau
Parcours : Le parcours ne présente pas de difficulté particulière. ATTENTION : les gorges de Pöllat sont fermées au public à cause des chutes de pierres. Accès à vos risques et périls !
Conseils : Si vous souhaitez éviter les gorges de la Pöllat, il y a moyen d’avoir accès à la partir haute du vallon en empruntant les chemins balisés menant à l’arrière du château.
Cet article n’aurait pas été possible sans la collaboration de l’Office du Tourisme d’Allemagne. Je garde cependant une entière liberté dans mes propos.