Test : Hoka Sky Kaha 2 GTX, l’ultime chaussure de randonnée

Et si je vous disais que j’avais enfin trouver la chaussure de randonnée parfaite ? Cela fait un peu bizarre de commencer un test par une telle déclaration et, pour être honnête, il est plus nuancé. Il n’en reste pas moins que cette chaussure de randonnée est, à mes yeux, la meilleure que j’ai eu au pied depuis des années. Allez, je te partage deux années de test en Hoka Sky Kaha 2.

Hoka Sky Kaha 2

Je vais être honnête avec vous dès le début. Je marche avec la Sky Kaha 2 depuis deux ans maintenant. J’ai étrenné la première version sur de nombreuses aventures comme mon expédition sur la Kaïtum, mon bivouac sur la Trolltunga en plein hiver et de nombreuses randonnées. Malheureusement, les 900km de baroudes ont eu raison d’elle et j’ai du me résoudre à passer au nouveau modèle en juillet 2022. Ce test s’appuie donc non seulement sur l’expérience que j’ai avec la Hoka Sky Kaha 2 mais également la première version du nom.

Qu’est-ce qui m’a amené à dégotter cette chaussure aussi étrange, allez-vous me demander ? La raison est simple. J’ai toujours aimé la marque Hoka. J’en ai aux pieds depuis 2016. J’avais d’ailleurs fait, en avant première, le test des Speed Instinct à l’époque. Je suis revenu pendant deux saisons chez Salomon. Pourtant, je n’ai pas pu me passer de Hoka, son innovation et son côté rock’n’roll, casseur de conventions.

Niveau randonnée, je n’avais jamais vraiment trouvé chaussure à mon pied. Salomon est trop fragile, Mendl ou Lowa, trop rigide. Il me fallait une chaussure de randonnée qui me permette de supporter de lourdes charges confortablement. De fait, lorsque je pars en expéditions, il n’est pas rare de frôler les 30kg avec le sac-à-dos. En plus de tout cela, la chaussure se devait d’être légère et flexible. Je n’avais pas envie de me retrouver avec des sabots au pied. C’est souvent le cas lorsqu’on veut réunir ces deux contraintes.

J’ai toujours aimé Hoka pour son innovation et son côté rock’n’roll, casseur de conventions

Fiche technique de la Hoka Sky Kaha 2

Prise en main de la Hoka Sky Kaha 2

Comme vous le savez, la marque Hoka One One s’est fait connaître en amorçant la tendance de l’oversize c’est-à-dire des semelles disproportionnellement imposantes. Certains s’en sont moqués, d’autres les ont adoptés, toujours est-il qu’aujourd’hui Hoka One One est une marque singulière dans l’univers de la chaussure. Pourtant peu de randonneurs savent qu’il existe une gamme exclusivement consacrée à la rando. Parmi elle, la Hoka Sky Kaha est conçue pour les randonnées longues.

Pour les habitués de la marque, on retrouve le même paradoxe : une étrange légèreté malgré une massivité expressive. Effectivement, malgré son aspect imposant, la Hoka Sky Kaha 2 est extrêmement légère pour une chaussure de randonnée. L’autre élément qui pourrait en surprendre plus d’un est la mobilité de la tige au niveau de la cheville. On en reparlera. Sinon, de manière générale, la qualité de fabrication est au rendez-vous : pas de colle disgracieuse, de couture approximative. Les équipes de Hoka font les choses sérieusement. Après tout, à 230€ la paire, cela serait un comble. D’ailleurs oubliez le similicuir, ici la Hoka Sky Kaha 2 s’habille de nubuck et d’éléments synthétiques recyclés.

Comme une grande majorité des chaussures Hoka, la semelle est fournie par Vibram avec des crampons de près de 5mm. Cela respire le 4×4 ambulant, autrement dit, ça grip. L’autre particularité de ce modèle par rapport au précédent est l’ajout d’une languette morphologique pour le talon d’achille. Why not ? A priori, je n’y vois pas trop l’utilité mais j’aurai l’occasion d’en reparler. Enfin, l’ensemble du chaussant apparaît très large mais cela est un effet d’optique amené par l’imposante semelle. Allez, emmenons ces Hoka Sky Kaha 2 sur le terrain ! Let’s go !

Qualité, légèreté et innovations ressortent de cette première prise en main !

Sur le terrain

J’ai eu l’opportunité de tester la Hoka Sky Kaha 2 en Islande, en Slovénie, en Ardenne, dans les Alpes pour des randonnées de plusieurs jours avec portage. Quant à la première version de la Sky Kaha, elles ont eu une grande importance dans mes dernières aventures puisqu’elle m’a accompagné en Laponie suédoise, dans le Sud de la Norvège. Les deux ont également eu la chance (ou pas) d’être étrennées lors de mes guidages pour ma compagnie Cairn Outdoor. Autant dire que le test ici présent se base sur un bon paquet de sorties.

Chaussant (fit)

Chez Hoka, vous avez deux types de chaussant. Le premier est plutôt large au niveau de la toebox et convient au pied large, le second est plutôt étroit et convient à des pieds fins. Ce dernier type de chaussant est surtout réservé aux chaussures taillées pour la vitesse comme les Zinal ou la Carbon X 3.

Ici, la Hoka Sky Kaha tient davantage du premier chaussant. Cependant, comme j’ai le pieds très fin, j’ai du trouver un laçage afin de ramener le chaussant au plus près de mon pieds. En effet, comme vous pouvez le remarquer. La chaussure dispose d’une double rangée d’anneaux au niveau du milieu du pieds pour assurer un serrage plus important. Malgré la finesse de mes pieds, je n’ai même pas eu à m’en servir. Et malgré le fait que le chaussant soit taillé pour les “pieds de hobbit”, je le trouve ultra confortable. En effet, en jouant avec le laçage, cela permet de jouer au niveau du volume du chaussant. Ainsi, je peux l’adapter quand je porte de grosses chaussettes en hiver ou, à l’inverse, des chaussettes fines l’été.

De plus, il existe des incisions au niveau du pli des métatarses permettant à la chaussure de se laisser aller plus facilement. C’est particulièrement important si, comme moi, vous marchez sur l’avant de vos pieds. C’est une des faiblesses des chaussures de trail Hoka. Ici, grâce à ce pdtit détail, les contraintes sont mieux réparties et évitent un déchirement prématuré.

Enfin, le seul point négatif de ce chaussant serait la languette ergonomique pour le talon d’Achille. Nouveauté sur cette Sky Kaha 2, elle ne m’a rien apporté si ce n’est des gravillons. En effet, cette languette provoque un évasement sur l’arrière du pieds constituant une porte ouverte aux poussières et graviers soulevés par la chaussure. C’est vraiment dommage car cela a été particulièrement ennuyeux dans le sable volcanique d’Islande ou les sentiers calcaires de Slovénie. Maintenant, avec un pantalon suffisamment couvrant, le problème n’en est plus un.

Matériaux

Je n’ai rien de particulière à dire sur la la membrane Gore-Tex. Elle fait totalement le job ! Néanmoins, j’ai remarqué un phénomène de condensation assez important lors des journées froides et humides. La membrane ne perce pas. Cependant, de la condensation se forme lorsqu’il y a une forte différence de température entre l’intérieur et l’extérieur. J’ai notamment connu ce phénomène en Islande alors que les chaussures étaient neuves. Ce n’est pas des plus agréables. De plus, comme toutes les chaussures imperméables, la Sky Kaha 2 devient une véritable fournaise en été. Cependant, j’ai déjà connu pire avec d’autres chaussure.

D’un autre côté, la qualité du nubuck est vraiment montée en gamme. En effet, sur la Sky Kaha première du nom, le nubuck s’est rapidement asséché malgré des soins réguliers. Cela a provoqué des craquelures qui ont entrainé une déchirure complète. Bon, elles avaient près de 900km mais c’est assez dingue d’imaginer cela sur une chaussure de cette gamme de prix. Ici, elles ont actuellement 550km et sont toujours dans un très bon état.

Pour le reste, la volonté d’utilisé un maximum de matériaux recyclés mérite d’être signalé. Ici, la marque déclare être allé encore plus loin qu’avec la première version. C’est d’autant plus notable que la qualité intrinsèque de l’ensemble de la chaussure à fait un bon en avant.

Semelle : amorti et accroche

Le coeur des spécificités de ces Hoka Sky Kaha 2 se trouve ici : dans la semelle ! Si on remonte aux raisons de mon choix vis-à-vis de la Hoka Sky Kaha 2, il y a un constat : je porte souvent des charges lourdes. En effet, comme guide ou en expédition, il n’est pas rare de porter des sacs de 20, 25 voir 30kg. Or, avec la majorité des chaussures de randonnées, des douleurs au niveau des métatarses finissaient toujours par apparaître en fin de saison. Logique ! Les pauvres sont chargés de supporter mon barda et mon poids.

Je connaissais déjà l’amorti presque magique des chaussures Hoka en trail et j’en étais dingue. J’ai ainsi couru le Marathon du Mont Blanc, les 75km de la Bouillonnante et la Tromsø Sky Race en Hoka. Un jour de 2021 après avoir tué mes dernières chaussures de rando Salomon, je me suis dit : “J’en ai marre. Je prends une de leur chaussure de trail Gore-Tex et basta !”. En réalité en menant mes recherches, je découvre une gamme entière de chaussures de randonnée ! Si je vous disais que le confort est extraordinaire et que je n’ai plus jamais eu de douleurs au pieds, cela serait trop publicitaire. Pourtant, c’est la stricte vérité.

Mais, il y a un “mais” ! Le seul reproche que j’ai à formuler sur cette chaussure, c’est la semelle extérieure Vibram. Elle n’est clairement pas assez durable. Ainsi, après 400km, les crampons centraux ont littéralement disparu. Du coup, son accroche, extraordinaire en temps normal, s’évapore complètement ! C’est, à mon sens, le seul point vraiment négatif sur ces chaussures. Et là aussi, j’espère qu’il y aura une optimisation de ce point précis sur la prochaine.

Enfin, j’ai également fortement apprécier le rocker. En effet, la chaussure dispose d’un profil à bascule. Il accompagne le mouvement du pied et facilite le déroulé. Sur de longues distances, c’est une plue-value non négligeable et cela participe incontestablement au confort eu au dynamisme de la chaussure et ce, malgré le fait qu’on ait affaire à une chaussure de randonnée.

Ces chaussures sont de véritables chaussons qu’importe le poids, le terrain ou la météo !

Comportement aux pieds

Pour ceux qui ne sont pas habitués, enfiler des Hoka la première fois peut déstabiliser. En effet, les chaussures sont hautes sur patte, une sorte “d’effet Buffalo”. Par contre, on s’y sent directement bien. Pas besoin de “casser” la chaussure, le déroulé du pied se fait naturellement. Je n’ai jamais été blessé avec ces chaussures en deux ans. De plus, l’ajout d’une proéminence au niveau du salon sur la semelle apporte encore davantage de confort, surtout en descente. D’ailleurs sur ce point, l’oversize propre à Hoka prend tout son sens. Qu’importe le poids sur les épaules, vous avez l’impression d’être dans de petits chaussons. C’est vraiment pour cette raison précise que les Hoka Sky Kaha 2 sont désormais mes chaussures de rando par excellence.

Cependant, on se méfiera juste des dévers. C’est une constante chez Hoka. Comme la chaussure est haute sur patte, le dévers est encore accentué. Cet aspect pourrait en dérouter plus d’un. De plus, la tige haute de la chaussure est assez souple (a fortiori si le laçage n’est pas optimal). Pour moi, c’est parfait car je n’ai jamais aimé avoir la cheville cadenassée dans une chaussure mais méfiance si vous avez des faiblesses à ce niveau. En effet, combiné avec la problématique des dévers, vous pourriez sérieusement vous faire mal si vous n’avez pas une bonne cheville. L’association de l’oversize et du drop (différence entre avant et arrière de la chaussure) permet également à la chaussure d’être particulièrement agréable en côte, facilitant l’ascension. D’autre part, la légèreté des chaussures est un atout supplémentaire, vous vous en doutez.

En fait, je sèche à trouver de réels défauts à cette chaussure. Ceux que j’ai mentionnés découlent des partis pris par la marque et nourrissent la majorité de ses qualités. Au pied, je trouve que ces chaussures conjuguent tout ce que je cherche dans une chaussure de rando : le confort et la technicité d’une chaussure de trail, la durabilité d’une chaussure de randonnée.

En d’autres termes, vous retrouvez le confort d’une chaussure de trail dans une chaussure taillée pour tous les types d’aventures.

Durabilité

Au niveau de la durabilité, l’amélioration est flagrante entre la Hoka Sky Kaha première du nom et la seconde tant au niveau du nubuck, des lacets que du pare-pierres. La Hoka Sky Kaha 2 est tout simplement mieux finie et plus durable. Le seul point noir, et non des moindre est la semelle Vibram qui est, quant à elle, plus fragile que la première version. C’est vraiment dommage car cela nuit à l’ensemble. Si je reste au niveau de la semelle, les sections intermédiaires en EVA se trouvent également renforcées. Les flancs de la semelle de la première version s’abimaient vite dans les passages rocailleux. C’est clairement moins le cas ici.

La qualité de fabrication globale est impressionnante. Les coutures sont bien finies, il n’y a pas de traces de colle, pas d’approximation. En temps normal, je suis un tueur de lacets et ils semblent que la combinaison de la chaussure soit particulièrement en adéquation avec ma manière de marcher. Comme je vous ai déjà dit, je suis très aérien en courant et en marchant. Dès lors, le pli des métatarses a tendance à souffrir avec moi, créant des pliures particulièrement marquées. Les découpes du chaussant permettent ce type de marche et c’est un grand plus par rapport au premier modèle. Cela participe indéniablement à la durabilité de l’ensemble.

Conclusion de cette Hoka Sky Kaha 2

Ce test n’est pas sponsorisé. J’ai acheté les chaussures avec mes moyens. Ce test est totalement indépendant. Les liens, quant à eux, sont affiliés. Cela veut dire que si vous passez par eux pour acheter du matériel une petite commission m’est reversée.