S’il y a une randonnée grandiose à ne pas manquer dans la vallée de l’Ubaye, c’est bien celle menant au Lac des Neufs couleurs et plus loin à la Tête de la Frema. Facilement accessible, le coureur entraîné pourra s’élever dans un décor de Haute Montagne à couper le souffle et tutoyer un “3000m”…
Avant la randonnée
Pour débuter cette randonnée, il faut se rendre dans un des plus beaux endroits des Alpes : Fouillouse. Ce hameau du village de St-Paul-sur-Ubaye est absolument magique. Par son accès tout d’abord, il faut traverser le Pont du Châtelet (1888) surplombant un gouffre de 100 mètres de profondeur. Frissons garantis ! Il s’ensuit un tunnel creusé dans la roche et une multitude de lacets aussi étroits les uns que les autres avant d’arrivé au hameau situé à 1900m d’altitude.
Il a conservé une beauté séculaire. Préservé de tout par la montagne, le visiteur est projeté 100 ans en arrière. Le village ne possède aucune nouvelles constructions. De plus, un véritable enthousiasme s’est emparé de quelques investisseurs qui y restaurent ainsi les nombreuses demeures laissées à l’abandon depuis de nombreuses années. Cela fait 3 ans d’affilée que je m’y rends et chaque année, je vois des trous comblés dans les façades, des toitures restaurées et même des commerces qui y naissent. Ne vous en faites pas, je pense très sincèrement que tout ce qui est développé dans ce “bout-du-monde” est véritablement fait dans une optique de sauvegarde et de mise avant du patrimoine.
Après ce hameau, la beauté panoramique de la montagne s’offre au promeneur. 360° de paysages grandioses. Point de foules sur les randonnées, point de tourisme de masse, on revient à l’essentiel. Je dirais même que c’est le leitmotiv de cette randonnée : l’essentiel. Le randonneur ou le traileur devra veiller à être en totale autonomie. Il n’y a rien à Fouillouse pour véritablement faire des réserves pour un trek de plusieurs jours ou une sortie longue en courant. Le refuge du Chambeyron (2626m) pourra éventuellement et modestement combler vos réserves en ce qui concerne les produits de bases.
Je terminerais ce long préambule en vous mettant en garde de bien prendre connaissance de l’état d’enneigement afin de prendre vos dispositions. En effet, en juin 2013, les névés arrivaient à proximité du refuge et à la mi-juillet 2014 le Lac des Neufs Couleurs était encore partiellement gelé. Le choix de la saison pourra donc fortement jouer sur sa praticabilité et sur l’accès au sommet.
Description de la randonnée
La randonnée démarre de Fouillouse en direction du refuge du Chambeyron. Et autant le dire tout de suite, elle commence fort avec un long sentier en lacets démarrant juste après le village. La pente est forte mais constante. A mesure que nous nous élevons, l’horizon s’ouvre et la vallée de St-Paul-sur-Ubaye se dévoile sous nos yeux. Au dessus de nous, le Brec du Chambeyron nous toise de ses 3 389m. Durant toute ces parties de l’ascension, le sentier est facile. Seul la dernière portion, plus minérale, avant d’arriver au refuge est un peu plus technique.
Au refuge, la vue de ce dernier et du Brec en arrière plan se reflétant dans le Lac Premier nous extasie. Pourtant, nous devons encore gravir 200 mètres de dénivelé dans les rochers et les névés (suivant la saison) avant d’apercevoir le Lac des Neufs Couleurs et la Tête de la Frema. La simple contemplation de ces beautés d’altitude suffit à nous faire oublier la dureté de l’ascension. Pourtant, la neige fondue, on peut imaginé l’atmosphère lourde qui peut se dégager d’un tel paysage lunaire. La roche s’expose sous toutes ses formes dans un chaos fascinant et le Lac Long a peine à avaler tous les névés qui restent suspendus aux parois.
Le Lac des Neufs Couleurs apparaît sans crier gare. Vêtu d’un manteau de glace, il dévoile timidement ses neufs couleurs ; on le dirait honteux d’être aussi majestueux ! Car, oui, la glace ne lui porte pas préjudice, bien au contraire. Au fond d’un cirque et dominé par une série de sommets de 3000m, il n’a pas à rougir face à leurs grandeurs. On devine aisément la beauté de ces eaux azurs.
C’est ici que le choix du coureurs ou du randonneur est crucial. A droite du lac, le col de la Gypière est la porte d’entrée vers l’Italie et la possibilité de faire une boucle de plusieurs jours dans la montagne, seul au monde, mais aussi la première étape avant de commencer l’ascension proprement dite de la Tête de la Frema. En juin 2014, un énorme névé rendait difficile et dangereux l’accès au col. Il faut être très prudent et des bâtons et parfois même des crampons sont nécessaires pour le franchir. La plus grande prudence s’impose car la chute vous précipiterait directement dans les eaux glacées du lac.
Une fois au col, il suffit de suivre le sentier (lorsque la neige le laisse apparaître) jusqu’au sommet de la Tête de la Frema. Si les conditions sont réunies, l’accès à ce “3000” est vraiment aisée et ne nécessite aucune connaissance spécifique de la haute montagne. Quel plaisir, par une chaude journée d’été, de pouvoir atteindre un sommet et sa vue à 360 sur les sommets alentours. La descente jusqu’au Neuf Couleurs se fait par le même chemin. Les randonneurs souhaitant faire un bivouac pourront s’installer à proximité du lac ou, lors des nuits sans vent, au col, afin de contempler le lever et le coucher du soleil depuis sa tente.
Pour la descente et afin d’éviter de reprendre le même sentier, vous aurez la possibilité d’emprunter un autre sentier pour vous ramener à Fouillouse par un autre vallon, beaucoup plus verdoyant. Après le lac Long, il faut obliquer vers le Pas de la Couletta en longeant la base du Brec du Chambeyron. L’univers est toujours aussi minéral et lunaire. Le sentiers est parsemés de gigantesques blocs de pierre, révélateur – par leur simple présence – des forces telluriques en présence.
Avant de basculer dans un tout autre univers en empruntant le vallon des Aoupets, la vue au Pas de la Couletta est à couper le souffle. On aperçoit le refuge et les eaux azurs du Lac Premier en contrebas. La descente dans le vallon qui s’ensuit commence d’abord par une longue portion dans un pierrier gigantesque. On a l’impression de traverser le théâtre d’une rixe légendaire entre Titans. Des blocs de pierre colossaux rendent cette descente chaotique. En complète rupture, la seconde partie de la descente s’opère entre alpage et forêt, doucement jusqu’au hameau.
Informations
Distance : 17 km
Dénivelé : 1350 m D+
Type de parcours : Boucle
Difficulté : Moyenne (sans ascension de la Tête de la Frema), Difficile
Trail : cumul de dénivelé sans se prendre la tête du parcours
merci, beau reportage. (qd je google Tête de la Frema je tombe sur ton selfie en image à côté du google plan!)