Aujourd’hui, je vous emmène en Norvège du Nord pour vivre une journée de chien de traineau à Tromsø. Nous avons eu l’occasion de partir une petite journée avec deux attelages pour découvrir l’île de Kvaløya grâce au Tromsø Villmarkssenter, le plus grand chenil de Norvège. L’expérience a dépassé mes attentes et surtout mes craintes. Je vous explique tout. Vous m’accompagnez ?
Arctic feelings – Chien de traineau en Norvège
Nous sommes en mars 2019 en Norvège du Nord. Les vents du nord balaient et violentent montagnes et vallées. La petite île de Kvaløya, près de Tromsø, sort à peine de la torpeur de la nuit arctique. Depuis quelques temps, le soleil effleure à nouveau la cime des montagnes. Parée de son épais manteau d’albâtre, elle sort de son mutisme nocturne pour scintiller comme un joyau à la lueur du jour. Silence !
Les mots de cette épopée glacée gelaient instantanément lorsqu’ils sortaient de ma bouche. Je vous les livre aujourd’hui à la chaleur de mon feu de camps virtuel, le blog…
Perdu dans l’horizon, une ligne sombre déchire cette vaste étendue de neige et de glace. Des borborygmes percent le silence. Dans le cliquetis métalliques, les aboiements se distinguent en même temps qu’apparaît une silhouette sur la crête. Le musher guide le traineau avec son corps. L’aboiement devient de plus en plus fort. Comme fous, les chiens emmènent le traineau à toute allure dans un paysage infini. Bonheur ! Cette expérience, je vous propose de la vivre avec moi…
Une journée de chien de traineau à Tromso
En mars 2019, je partais rendre visite à mon pote, Quentin alias le Crapahuteur, qui y est musher pour la plus grande compagnie de chiens de traineau en Norvège, le Tromsø Villmarkssenter. Après avoir passé une semaine à parcourir les montagnes (Tromsdalstinden, Kjølen, Brosmortinden, Nordtinden,…), c’était impensable de ne pas tester le chien de traineau à Tromsø. De plus, la Norvège du Nord dispose d’une véritable culture du “dogs ledding” et abrite l’une des courses les plus célèbres au monde : la Finnmarkslopet.
En fait, il faut dire que Quentin avait réussi à piquer ma curiosité à vif. En effet, il ne cessait de dire que le chien de traineau était “physique”. D’un côté, cela m’étonnait que cette grande carcasse puisse dire ça, lui qui a déjà pas mal encaisser de trails et d’expéditions… D’un autre côté, j’ai le même “problème” avec les non-cavaliers qui ne cessent de déclarer que l’équitation n’est pas un sport. Depuis toujours, j’essaie les emmener avec moi pour leur prouver le contraire. Je n’ai jamais réussi… Cher lecteur, ceci est une invitation ;). Bref, il me tardait de vérifier par moi même les dires de ce vieil ardennais de Quentin !
Visite du chenil
Le Tromsø Villmarkssenter se trouve à une trentaine de minutes de Tromsø. Comme je vous l’ai déjà dit, c’est le plus grand chenil de Norvège. Près de 300 chiens se partagent ainsi les cohortes de touristes. Autant vous dire que sur le papier, j’étais un peu réticent quant à leur bien-être. En effet, toutes les croisières, les Hurtigruten et autre touriste d’un jour viennent y faire des tours de 30-35 minutes. Les 300 chiens sont là pour parer à cet afflux massif.
Pourtant, à notre arrivée, Quentin souhaite nous faire visiter le chenil autant ce qui est montré à tous les clients mais aussi les arrières cuisines. Ce petit privilège m’a permis de voir que, malgré la gigantesque machine que le chenil représente, les chiens sont au coeur des préoccupations. Ainsi en déambulant entre les niches, je n’ai pu voir que du bonheur et de l’excitation dans les yeux de ces chiens. Et ça, c’était non seulement super important pour moi mais aussi et surtout très rassurant !
Préparation du traineau
L’heure du départ approche. Deux traineaux se sont libérés pour nous. Le temps de sélectionner les chiens en fonction de leur activité du jour mais aussi leur caractère. Dans le traineau de Quentin, Copen(hague), un chien qu’il a adopté au chenil. En effet, ce dernier avait quelques douleurs à la hanche. Il a donc été écarté. Par contre, pas questions que ces chiens “inaptes” partent n’importe où. Seuls les mushers qui travaillent peuvent adopter l’un de leur “collègue” à quatre pattes.
Ensuite, on règle, tous les 4, les derniers détails avant de partir pour 4-5 heures de chiens de traineau. La “formule” que nous allons essayer est celle l’attelage en “self driving”. Au programme, nous partons explorer les contreforts des montagnes de Kvaløya. À mi-chemin, on s’allumera un petit feu pour boire une petite kuksa de café et manger un petit bout, bref le bonheur simple d’être avec les chiens dans cette nature exceptionnelle de la Norvège du Nord.
Les chiens ne cessent d’aboyer, sautant autour de la ligne du traineau, l’excitation est à son comble. On retire l’ancre et on relâche le frein, c’est parti !
17 km de chien de traineau dans les collines Kvaløya
Effort et gamelle
Vincent est à la barre et moi dans le traineau. Cela me permet ainsi de faire des photos. Après quelques kilomètres, J’entends alors Vincent haleter, souffler et exhorter les chiens à avancer. À l’entendre, cela n’a pas l’air aussi facile que cela en a l’air. Il faut dire que nous disposons de la moitié des chiens de notre musher belge. C’est la règle pour les débutants… Les pauses photos ne lui permettent même pas de récupérer. C’est complètement dingue ! Le Crapahuteur aurait-il raison ?
Les traineaux filent d’abord sur la piste damée. On slalome entre les bosquets, on passe quelques petites buttes et on entame le hors piste…
Après plusieurs kilomètres, je prends la relève. Quentin rejoint son attelage et lance le signal du départ. Une ivresse folle s’empare de moi. La vitesse, les chiens, la neige, je prends un plaisir de dingue. Un peu trop même, les chiens prennent de la vitesse. J’essaie d’éviter un arbre mais je suis trop rapide. Je l’évite mais cela déstabilise le traineau qui se renverse… Je reste couché comme nous nous l’avions demandé et mes deux acolytes m’aident à redresser le traineau.
Courir dans la poudreuse, pousser le traineau pour quelques instants de glisse… Voilà ce qu’est réellement le chien de traineau : un sport aussi exigeant pour les chiens que pour les hommes !
Dans la peau de Jack London
La suite du parcours se corse. Les côtes reviennent et je commence à comprendre les difficultés de Vincent. Les chiens ne poussent qu’à hauteur de ce que vous, vous poussez. C’est une forme d’équité imposée par les chiens. Je cours derrière le traineau dans les côtes. Le cardio monte, le souffle se raccourcit. Une fois au dessus, je continue à courir pour laisser prendre de la vitesse au traineau. Ensuite, il faut aider le traineau dans les courbes dans un sens puis dans un autre. Décidément, il avait bien raison le musher ardennais, le chien de traineau, c’est physique à mort !
Je balance ma carcasse d’un côté et de l’autre, je pousse, je cours… Je suis exténué mais je suis vivant au coeur de cette immensité glacée.
Dans cette ambiance de véhémence canine et de neige, les mots de Jack London prennent forme sous mes yeux. Le froid, les chiens et les étendues de glace monopolisent mes sens. Je n’ai qu’une envie : conserver à jamais cet instant dans mon esprit pour insuffler encore davantage d’intensité à la lecture des écrits de London. Le jour commence à décliner. Nous n’avons pas encore manger. Dès lors, nous stoppons alors les attelages pour faire une petite pause autour d’un petit feu ; le temps de se réchauffer un peu avec une kuksa de café et un repas lyophilisé avant de retourner au Tromsø Villmarkssenter.
Retour glacé
Le jour s’évanouit à grand vitesse en Norvège du Nord. Déjà, la cime des montagnes prennent des teintes légèrement pastels entre le bleu et le rose. Les contraste disparaisse au profit de la grande et froide albâtre. J’aime ce moment qui précède le crépuscule. La température chute, le vent plus agressif, le paysage se mue en un tableau monochrome. Et nous, nous traçons notre route vers le chenil. Le froid d’immisce en nous d’une manière où l’on a l’impression de refroidir autant de l’intérieur que de l’extérieur. Etrange sensation que celle de geler de froid….
Plus personne ne parle, même les chiens sont plus calmes, le froid impose le silence…
Après une petite demi-heure, le chenil apparaît au loin. Contrairement aux clients habituels, Quentin nous invite à l’aider pour détacher les chiens du traineau et les remettre dans leur niche respective. On se propose également pour donner à manger au chien : un mélange de viandes et de poissons. Cette nourriture est entreposée dehors en bloc ; gelé bien évidemment, le thermomètre affiche -15°. Je retrouve le même plaisir que celui que j’ai au quotidien avec mon cheval. Et comme avec ce dernier, c’est à la limite cette partie “grooming” qui plait davantage que l’activité. Nous terminons donc cette journée de la manière la plus agréable et la plus humble possible : s’occuper de cette bonté canine sans borne et sans limite. Amen !
Une expérience à vivre au Tromsø Villmarkssenter
Envie de faire du chien de traineau à Tromsø ? La Norvège du Nord concentre souvent cette image d’Épinal de grandes étendues enneigées… Le Tromsø Villmarkssenter vous permettra de l’explorer au mieux avec différentes formules :
Hiver
- Chien de traineau d’une heure à plusieurs jours
- De la raquette
- Le tout en journée ou en soirée, avec ou sans les les aurores boréales
Été
- Kayak de mer (de jour ou sous le soleil de minuit)
- Trek avec les chiens
- Randonnée avec les chiots
Cet article n’aurait pu être réalisé sans le soutien du Tromsø Villmarkssenter. Je les remercie chaleureusement de nous avoir permis de vivre une telle expérience. Cependant, je garde l’entière liberté dans mes propos. Ceux-ci restent totalement indépendants.
Superbe article, photos et vidéo qui m’ont fait rêver…quelle belle expérience partagée! C’est juste WOUAW
Merci beaucoup Marie-Hélène 😀